François Boucher sut tout au long de sa carrière sublimer le corps féminin dans ses dessins aux trois crayons. Autant ses académies d’hommes sont musculeuses et anguleuses (on y reconnaît d’ailleurs l’influence de Jouvenet), autant ses études de femmes demeurent emplies de douceur et de grâce toute naturelle.
L’artiste utilisait le prétexte de jeunes femmes représentées en Vénus ou en vestales pour idéaliser la beauté féminine.
Dans notre dessin à la pierre noire, sanguine, rehaussée de craie blanche et de pastel bleu, Boucher s’est plu à théâtraliser son modèle dans un paysage intemporel.
Avec une facture rapide et libre, il symbolise notre nu féminin en source, avec la présence d’une jarre d’où coule un ruisseau. Accoudée à cette dernière, notre source semble intériorisée en détournant son regard du spectateur, et comme placée en dehors de la réalité. Seuls les deux putti en arrière plan la ramènent sur un plan terrestre.
Probablement exécuté vers 1760, notre dessin qui se rapproche plus du pastel par sa technique, est typique des œuvres de la maturité de l’artiste. En effet, par la virtuosité de son dessin, François Boucher atteint un véritable perfection dans l’évocation de l’anatomie féminine.
Il met en place les contours du corps du modèle à la sanguine, puis il retravaille par dessus le médium à la pierre noire, ce qui renforce les transparences des chairs. Les mains stylisées en pattes de grenouille sont caractéristiques de cette période et nous rendent encore plus touchante notre jeune beauté. C’est aussi dans ces années là que l’artiste, en dévoilant la nudité, offre au regard un certain érotisme. On peut rapprocher notre source d’une Vénus jouant avec deux colombes (Vente Christies Paris - 23 juin 2010 lot n° 109), traitée avec une technique similaire et d’une grande sensualité. On y retrouve les même rehauts de pastel bleu qui contrastent avec la craie blanche sur fond de pastel noir estompé.
Nous remercions Mr. Alastair Laing de nous avoir confirmé l’authenticité de ce dessin.
