André LANSKOY (Paris 1902 - Paris 1976)

"Composition"

1945 - 50. Gouache. Signé en bas à droite.

Fils du comte de Lanskoy, le jeune André fut élève à l’école des pages de Saint-Pétersbourg. Il se retrouva au moment de la révolution bolchevique dans les armées tsaristes et prit la fuite pour Kiev en 1919. C’est là qu’il commença à peindre, recevant peut-être les conseils de Sergei Soudéikine, alors peintre décorateur à la mode. Après un séjour en Crimée, Lanskoy finit par atteindre en 1921 Paris, ville qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort.
Il fréquenta l’Académie de la Grande-Chaumière, où il découvrit l’œuvre de Matisse et Van Gogh. C’est aussi là qu’il se lia d’amitié avec Soutine.
En 1923, Lanskoy est retenu pour le Salon d’Automne, où il est remarqué par Wilhelm Uhde qui suscita sa première exposition personnelle en 1925 à la galerie Bing. A cette époque, André Lanskoy expose également avec Robert et Sonia Delaunay, Leopold Survage, Ossip Zadkine et d’autres artistes russes vivant à Paris.
Ses œuvres parviennent rapidement dans les musées et les collections d’art privées de renommée.
C’est à la fin des années 1930 qu’André Lanskoy prend progressivement ses distances par rapport à la représentation figurative pour se tourner vers une autre idée de la peinture et du rapport au sujet. Lanskoy a toujours évité d’accorder une grande importance à ce passage à l’abstraction, refusant d’entrer dans un dualisme manichéen qui voudrait nécessairement opposer les deux parti-pris picturaux et affirmer qu’il n’y a en peinture pas d’identité alternative en dehors de labels figuration ou abstraction. L’artiste a plutôt évolué au milieu des différents concepts diffusés par les cercles créatifs qu’il fréquentait, avant de trouver, à force de travail et de réflexion, sa propre harmonie.
Une amitié profonde unit Lanskoy à Nicolas de Staël, ils exposent ensemble en 1948. A cette époque et dans la décennie qui suit, la célébrité internationale de Lanskoy s’affermit, ses œuvres sont exposées à beaucoup de reprises, à Bruxelles, Londres, Lausanne, New York, Berlin...
Au sein de l’Ecole de Paris, André Lanskoy compte parmi les représentants les plus importants de l’abstraction lyrique.
Il meurt à Paris le 22 août 1976. Il sera inhumé au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.

Ici, notre gouache datée des années 1945-50, celles des années de « maturité artistique » et de choix picturaux assumés, raconte bien le désir de Lanskoy de libérer la couleur de sa fonction initiale au profit de ses capacités d’expression immédiate. C’est dans ces œuvres d’après-guerre que l’abstraction de la forme peinte gagna l’ensemble de son œuvre. Certes, les œuvres de jeunesse de Lanskoy (scènes d’intérieur, natures mortes et portraits) étaient déjà caractérisées par des couleurs joyeuses, typiquement slaves, certainement marquées par l’art populaire et le cérémonial religieux russes, mais ici la couleur est reine. Dans notre gouache, la touche grasse, la matière généreuse, le dessin fondu dans la couleur éclatent comme un vibrant manifeste : le sujet du tableau est secondaire par rapport à la force de la touche picturale et les harmonies colorées luministes qu’une palette peut créer. Des couleurs primaires fortes (rouge, vert, bleu) cohabitent avec d’autres tons plus pastels (rose lilas, parme, bleu lavande). Au bout du pinceau, les couleurs ont vibré d’intensités différentes : larges coups de pinceau malgré le petit format du feuillet dialoguent sur un fond sombre avec des tracés plus fins, plus dynamiques. L’ensemble donne une harmonie vivante, vibrante et rythmée, vive comme une pétrouchka.

« Cet œuvre est foisonnant comme une forêt vierge, éclatant comme un ballet russe, inventif comme une fête populaire, prodigue comme un seigneur de bonne fortune. »
Jacques Busse.

Nous remercions Monsieur André Schoeller de nous avoir délivré un certificat d’authenticité daté du 15 mars 2010.

Bibliographie :
J.C. MARCADE, André Lanskoy 1902-1976 : pour le trentième anniversaire de la mort, Saint-Pétersbourg, Palace Editions, 2006
J.GRENIER, André Lanskoy, Editions Hazan, Paris 1960, coll. peintres d’aujourd’hui.

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