Flaminio Innocenzo MINOZZI (Bologne 1735 – 1817)

« Etudes de dieux et personnages à l’antique »

Plume et encre brune. Monogrammé F.M. en bas au centre

En complétant sa signature des termes « architetto e pittore », parfois réduit aux initiales F. M., Flaminio Minozzi illustrait parfaitement la richesse artistique de Bologne, et la formation complète de ses artistes dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Minozzi commença son apprentissage auprès de son père Bernardo, peintre de paysage. Il rejoignit en 1750 l’atelier de Carlo Galli Bibiena, dernier descendant d’une dynastie bolonaise d’architectes et peintres décorateurs. C’est là qu’il s’initia à l’art de la quadratura dont Bologne était l’un des plus vivants foyers : cette technique de décoration murale avait été introduite au début du siècle par les peintres illusionnistes, et visait, au moyen d’un fin savoir architectural et géométrique, à la représentation en trompe l’œil de l’architecture, parfois accompagné de compléments de décor en stuc.
Minozzi compléta sa formation par de longues études d’architecture civile. Son projet primé d’Escalier monumental d’ordre composite, en 1756, rappelle son attachement aux grands maîtres bolonais. L’artiste travailla tant sur des chantiers de décoration, comme celui du Palazzo Malvasia (1756 – 1758), que sur des projets d’architecture, réalisant notamment la façade aujourd’hui détruite de San Giacomo dei Carbonesi, en 1765. Cette même année fut un tournant dans l’œuvre de Minozzi : sous la protection du sénateur Muzio Spada, il séjourna cinq mois à Rome. Il y observa avec soin l’architecture moderne, comme en témoignent ses nombreuses études, du Palazzo Barberini à San Pietro in Montorio. De retour à Bologne, il fut nommé à l’Accademia Clementina, où il enseignera à partir de 1774.
Dès la fin des années 1760, Minozzi délaissa la construction pour se consacrer presque exclusivement à la décoration, qui lui attira de nombreux chantiers publics et privés. Le maître reçut également des commandes mineures : somptueux catafalques destinés aux personnalités émiliennes, décors éphémères de célébrations et théâtres... Le portrait en grisaille de Gian Luca Pallacini, dans la bibliothèque du palais éponyme (1792), ou encore la remarquable étude pour un Triomphe de David dans une fantaisie architecturale (Paris, Christie’s, 27 mars 2003, lot n° 42), illustrent son habileté à représenter la figure humaine.
Il est ainsi intéressant d’observer dans notre feuille les qualités de figurista de celui dont les dessins aujourd’hui connus rappellent plus souvent son œuvre d’architecte illusionniste. Sur un papier non préparé, Minozzi agence ici plusieurs motifs tirés de l’antique, d’une plume alerte ignorant le lavis. En haut à gauche, on reconnaît une scène d’enlèvement : observées par un homme assis de dos, deux jeunes femmes sont soulevées dans les bras de centaures. A leur droite, l’un des visages, un homme barbu, évoque un héros guerrier ; son casque est orné de trois lutteurs. Une ébauche d’arcature classique sous entablement sépare la feuille en deux registres. En partie inférieure, deux études de vieillards assis encadrent celle d’un jeune homme nu. Des esquisses de soldats casqués, de statuaire, de visages et de putti s’ordonnent autour.
Minozzi construit des figures dynamiques, par des traits de plume courbes que l’on retrouve dans son Projet de plafond du Metropolitan Museum, et dans les feuilles de l’University of Michigan Museum of Art. Les lignes s’achèvent ici en tournoiements très libres, qui rappellent la manière de ses lointains prédécesseurs, à l’image du Guerchin. Sur ce travail, les ombres sont figurées par de vifs traits parallèles. L’artiste a monogrammé la feuille ; le ductus des initiales se retrouve sur les Ruines d’un temple, vendu chez Sotheby’s à Londres le 1er décembre 1983.

Provenance :
Collection particulière

BIBLIOGRAPHIE
D. RABREAU, Les dessins d’architecture au XVIIIe siècle, Paris : Bibliothèque de l’Image, 2011
S. FALABELLA, “Flaminio Innocenzo Minozzi”, in Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 74, 2010
O. BERGOMI, Un apparato di F. M. in memoria di padre De Angelis, in Strenna storica bolognese, LIII (2003), pp. 59-75
A.M. MATTEUCCI, I decoratori di formazione bolognese tra Settecento e Ottocento …, Milano : 2002
M. GORI, Un disegno inedito di F. M. all’Art Museum dell’Università di Princeton nel New Jersey, in Studi romagnoli, XLVI (1995), 46, pp. 395-397, 400-410

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