Victor-Jean NICOLLE (Paris, 1754 – 1826 )

La Fontana dell’Acqua Paola sur le Mont Janicule, Rome

20.3 x 31.3 cm

Aquarelle sur trait de plume et encre brune.
Signée V.J. Nicolle en bas à gauche.
Annotée Vue de la fontaine Pauline, située sur le mont Janicule à Rome au verso.

Provenance :
• Collection A. L. Bruneau (1829-1910).
• Puis par descendance.
• France, collection particulière.

Éclairée par la douce lumière transalpine apparaît la Fontana dell’Acqua Paola, également appelée fontaine Pauline. Sa construction en 1612 sur le mont Janicule, considérée comme la huitième colline de Rome, offre une vue dégagée de ce somptueux monument de marbre qui aura fasciné les artistes jusqu’au XIXe siècle.

Elle porte la main de Victor-Jean Nicolle, formidable dessinateur et graveur qui se fit une spécialité de la représentation de paysages urbains. Bien que sa vie reste encore obscure, sa large production franco-italienne nous a permis de mieux comprendre sa carrière.
Nicolle découvre l’Italie lors d’un premier voyage en 1787. Considéré depuis le XVIe siècle comme un rite de passage indispensable pour tout artiste en quête d’idéal et de renommée, le fameux « Grand Tour » permet de dessiner directement d’après nature les éléments antiques étudiés pendant l’apprentissage. À Rome, point de rencontre systématique des artistes, Nicolle perfectionne sa formation, notamment dans les techniques du dessin et de la perspective.

Pour Nicolle, l’inspiration viendra principalement de l’architecture : ses compositions sont dédiées à la glorification de l’architecture et les personnages représentés ne servent qu’à l’animation de l’ensemble.
L’artiste développe aussi un intérêt majeur pour la représentation fidèle de la lumière telle qu’observée au moment de la réalisation de l’œuvre. Les dimensions variables de ses aquarelles peuvent nous laisser penser que Nicolle esquissait probablement ses dessins d’après nature, directement sur le vif et terminait en atelier : certaines de ses feuilles de dimensions très réduites présentent une grande profusion de détails.
Les dimensions généreuses de notre dessin permettent à Nicolle de diviser verticalement la composition en deux parties. La partie droite est dédiée au ciel, dont les doux coloris de roses et de jaunes laissent deviner la douce chaleur d’un crépuscule en été. La préciosité de notre feuille est rendue grâce aux variations lumineuses et atmosphériques du ciel et ses effets de couleur sur le marbre blanc, devenu rose, de la Fontana dell’Acqua.

Notre paysage appelle à la rêverie et aux visions d’Arcadie caractéristiques de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, évoquées par la représentation réaliste de l’architecture et de la nature dans lesquelles l’homme ne tient qu’une place très réduite. Fasciné par l’architecture antique dont Rome présente une collection abondante, l’artiste, à travers son œuvre, fait le lien entre le passé et le présent : c’est cette nostalgie que Nicolle explore, comme nombreux de ses contemporains.

M.O.

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