Hans THOMA (Bernau 1839 – Karlsruhe 1924)

« Le Chevalier et Flora »

Technique mixte sur papier sur toile. Monogrammé et daté en bas à gauche ’HT 89’.

Hans Thoma débuta brièvement sa formation artistique aux côtés d’un lithographe ; ’artiste ne cessa par la suite de réfléchir sur la question de l’image multiple, et de travailler lui-même lithographie et gravure parallèlement à sa peinture. Il étudia dans les années 1860 à Karlsruhe, puis à Düsseldorf où il rencontra le peintre Otto Scholderer - artiste que l’on retrouve sous le pinceau de Fantin-Latour, dans ‘l’Atelier aux Batignolles’, aux côtés de Manet, Renoir, Zola ou Monet.

Le long séjour de Thoma à Paris fut une étape importante pour son art. Par l’entremise de Scholderer, il rencontra Gustave Courbet qui l’influença profondément. De retour en Allemagne, sa carrière démarra progressivement. Les quelques peintures qu’il exposait en 1870 à Karlsruhe furent à peine remarquées ; l’artiste déménagea alors à Munich, où il trouva un climat d’émulation plus propice à la création.

Révélé peu à peu dans les milieux officiels, Hans Thoma fut honoré à ’Exposition de Munich de 1890 aussi bien par les peintres traditionnels que par l’avant-garde, puis à la Sécession de Munich deux ans plus tard. Directeur du Kunsthalle de Karlsruhe à partir de 1899, Hans Thoma exposa désormais régulièrement dans diverses villes d’Allemagne (Berlin, Francfort) ; les publications se multiplièrent à son sujet, et le Kunsthalle ouvrit en 1909 un Hans-Thoma-Museum.

Hans Thoma fut profondément marqué par l’Italie où il séjournait régulièrement. La Renaissance florentine façonna son style ; ses paysages évoquent la campagne romaine. Ses recherches le conduisirent vers le symbolisme, qu’il découvrit au contact d’Arnold Bckiin. A la différence de cette figure majeure du symbolisme allemand, l’univers de Thoma tient davantage de la scène champêtre que d’une mythologie allégorique.

L’artiste met ici en scène quelques unes de ses figures favorites, puisant cette iconographie originale dans l’univers du conte on y voit la nymphe Flore, allongée et accompagnée d’un Amour. Derrière elle, debout, se tient un chevalier en armure. « Dictes moy où, n’en quel pays,/Est Fiora, la belle Romaine », écrivait Villon dans sa Ballade des dames du temps jadis. Célébrée dans ’Antiquité au temps des récoltes, Flore est traditionnellement la nymphe de la nature, et particulièrement des fleurs auxquelles elle a donné son nom. Elle en cueille ici, qu’elle dépose dans un pli de sa robe. On retrouve souvent la déesse dans la peinture de Thoma. Drapée dans une ample tunique rose resserrée sous la poitrine, elle tresse des fleurs ou les porte dans un panier sur sa tête. Des amours potelés aux ailes de libellules l’entourent. On peut l’observer par exemple dans le paysage de Siesta (1889, Musée d’Orsay).

Le chevalier à l’arrière-plan évoque les Saint George que dessinait l’artiste ; toujours vêtu de la même armure, dans une posture très droite, il est également visible dans des projets qu’élabore Thoma à l’occasion de la visite de Guillaume Il à Francfort, en décembre 1889. On retrouve l’association de Flore, d’amours ailés et du chevalier dans son Bajka ([conte], Musée de Varsovie, 1904). La composition en longueur permet alors le déploiement de plusieurs putti ; le chevalier, qui tient une lance, a laissé paître sa monture ; Flore est assise, et tresse une longue couronne de fleurs. L’eau, qui dans notre oeuvre occupe le tout premier plan, est devenue un ruisseau ; il coule sous une végétation abondante qui masque l’horizon.

Le catalogue raisonné des estampes d’Hans Thoma (voir bibliographie) présente sous le numéro 104 une épreuve contretypée de notre oeuvre, intitulée Chevalier et Nymphe et datée de 1811. L’artiste travaillait lui-même ses gravures, ce qui explique les variantes d’arrière plan dans ’estampe, comme l’apparition d’un château.

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