Pierre-Denis MARTIN dit Martin des Gobelins (Paris 1663 – 1742)

« Le Tsar Pierre le Grand à la bataille de Lesnaya »

Sanguine.

Annoté à la sanguine en bas « L’estafette du Général Lewenhaupt et des troupes qu’il commandait, par l’armée du Tsar Pierre Le Grand »

La vie de ce peintre spécialisé dans les vues de châteaux, les scènes de batailles et de chasses, est mal connue. Il est le frère de Jean-Baptiste Ier Martin, dit Martin des Batailles, peintre qui succéda à Van der Meulen comme peintre des conquêtes du roi et directeur de la Manufacture des Gobelins.

Pierre-Denis Martin rentra à la suite de son frère à la manufacture des Gobelins où il reçut de nombreuses commandes publiques.
Sa prédilection pour les vues d’ensemble et son grand sens de la perspective, alliés à une précision d’architecte, lui permirent de représenter un grand nombre de châteaux royaux : Fontainebleau, Versailles, Meudon, Rouen, Choisy, Chambord, Marly…

Martin des Batailles et Martin des Gobelins, tous deux formés auprès de Van der Meulen, spécialiste des scènes de batailles, garderont toute leur vie un véritable attrait pour ces sujets guerriers. Certains de leurs tableaux posent parfois des problèmes d’attribution entre les deux frères dont les compostions et la technique sont très proches.

Entre 1722 et 1726, Pierre Denis Martin reçut une commande particulière du Tsar Pierre Le Grand.

Le tsar, qui voulait égaler les fastes de la cour de Louis XIV et qui était un fervent protecteur des sciences et des arts, s’employa activement à développer les échanges artistiques entre l’est et l’ouest. En 1716 il engagea le genevois Jean Lefort chargé de recruter un certain nombre de français qui reçurent la permission officielle de quitter le territoire : peintres, architectes, sculpteurs, tailleurs de pierre, fondeurs, doreurs, menuisiers, orfèvres, ciseleurs, graveurs, tapissiers, tous les arts et toutes les compétences étaient requis pour la construction de la nouvelle capitale de la Grande Russie, Saint Petersbourg.

Pierre-Denis Martin fut lui-même appelé à la cour du Tsar en 1722. Il reçut la commande d’une série de quatre estampes pour célébrer les victoires du Tsar sur les suédois en 1808. Il réalisa les illustrations des batailles de Poltava, de Lesnaya et d’Hango (le quatrième est inconnu), qui furent ensuite gravées par Nicolas de Larmessin et Maurice Baquoy. Plusieurs de ces gravures sont aujourd’hui conservées dans les collections de la Bnf.

Notre belle sanguine est probablement un dessin préparatoire pour la gravure de la bataille de Lesnaya, dont elle représente un détail. On retrouve le goût de l’artiste pour l’organisation de l’espace en différents plans, la perspective lointaine et la précision topographique du lieu. Ici la compostion est mise au service du Tsar, célèbré en héros militaire et orchestrant le champ de bataille avec son bâton de commandement.

Bibliographie :

- F.X.SALMON, « Jean-Marc Nattier 1685 – 1766 », exposition au Château de Versailles, nov 1999-janv 2000, RMN, 1999. Voir La Bataille de Poltova, n° 2 , p 52-53.

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