Martin DRÖLLING (Bergheim 1752 – Paris 1817)

« Portrait présumé du fils de l’artiste de profil gauche »

Huile sur papier

On connaît aujourd’hui environ soixante-dix œuvres de Martin Drölling, un alsacien contemporain de David dont l’œuvre intime se compose essentiellement des portraits et des scènes de genre. Drölling naquit à Bergheim, dans le Haut-Rhin, en 1752. Une autobiographie disparue, mais retranscrite par sa fille, rappelle par son français laborieux les origines modestes de l’artiste. Son apprentissage dans sa ville natale, puis à Strasbourg, se poursuivit à Paris, où le jeune homme partit contre l’avis de ses parents qui le destinaient à la plume. Après des débuts difficiles, vivant de copies et portraits, Drölling s’inscrivit en 1779 à l’Ecole des Beaux-Arts, où il demeura une année. Mais c’est le Louvre qui fut réellement le maître du jeune peintre. Il y passa de longues heures à copier les maîtres flamands et hollandais dont l’intimité, la lumière et la finesse ne quitteront plus ses œuvres.

Drölling fut un temps en lien avec Elisabeth Vigée-Lebrun, qui le chargea de peindre des accessoires pour certains de ses portraits. C’est peut-être par son intermédiaire qu’il rencontra Greuze, dont les scènes familiales l’ont influencé. Travaillant à la manufacture de Dihl, Drölling fut repéré par Brongniart qui l’embaucha à Sèvres ; il y peignit des scènes de genre jusqu’en 1813. Ses toiles furent par ailleurs présentées au Salon de la Correspondance dès 1781, puis au Salon du Louvre de 1793 à sa mort.

Drölling figure ici le portrait d’un jeune garçon de profil gauche. La mise en page est serrée, concentrant l’attention sur le visage. Drölling travaille avec une touche très fine, dans une gamme chromatique restreinte. Une lumière dorée module l’expression du garçon, à la fois enfantine et sérieuse. Le rouge d’un foulard noué, le large col blanc finement brodé et les boutons de laiton sont les seuls ornements du portrait. Ce type de costume est couramment porté par les enfants que représente l’artiste.
L’intimité de la pose et le cadrage serré indiquent une proximité du peintre avec son modèle. L’agencement des mèches de cheveux, le profil typique aux joues potelées et au nez légèrement retroussé, nous font avancer la possibilité que l’artiste ait ici représenté son fils aîné, Michel-Martin.

La famille joua en effet un rôle important dans la vie et l’œuvre de Drölling. Rapidement veuf, il se remaria en 1785 avec Louise Belot, la fille d’un marchand de couleurs. De cette union naquirent deux garçons puis une fille, qui furent les modèles favoris de l’artiste. L’aîné, Michel-Martin, et la cadette Louise-Adéone, suivront la voie artistique de leur père.
Né en 1785, et d’abord formé dans l’atelier paternel, Michel Martin intégra l’atelier de David en 1806. Prix de Rome quatre ans plus tard, et tenant du néo-classicisme, il s’illustra dans la peinture d’histoire. Il garda toutefois de son père un goût pour la lumière et l’intimité empruntées aux flamands.
On retrouve Michel-Martin enfant dans plusieurs œuvres de Martin Drölling. On peut ainsi l’observer de profil, lisant devant une fenêtre ouverte donnant sur la place Vendôme (collection particulière, Vic-sur-Cère). Son visage est alors très proche de notre œuvre. Peinture et Musique, portrait du fils de l’artiste (LACMA), daté de 1800, le représente à nouveau. La composition évoque alors les Bulles de Savon ou le Marchand Gibier, œuvres de Willem van Mieris que Drölling avait vues et peut-être copiées au Musée du Louvre.

Provenance :
France, Collection particulière

Bibliographie :
M. et F. FARE, La vie silencieuse en France : la nature morte au XVIIIe siècle, Paris, Fribourg : Société française du livre, 1976
L. LEVRAT, Martin Drölling (Bergheim 1752- Paris 1817) : un état de la question, mémoire de Master 2, Université de Grenoble, 2010

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