Félix ZIEM (Beaune 1821 – Paris 1911)

Villa Poniatowski

25.50 x 35.8 cm

1848.
Lavis brun et rehauts de gouache blanche sur traits de crayon noir.
Localisé et daté « Villa (?) / 2 avril 1848 » en bas à droite.

Provenance :
• Vente anonyme ; Paris, Hôtel Drouot, Mes Poulain-Le Fur, 1er juin 1988, n°83.
• France, collection particulière.

Bibliographie :
• L. Del’Furia, Musée Ziem, Félix Ziem : le génie et l-adresse, 1821 – 1911, Musée Ziem, Marseille : Ed. Arnaud Bizalion, 2014.
J’ai rêvé le beau. Felix Ziem, peintures et aquarelles du Petit Palais, Paris, catalogue d’exposition, Martigues, Images en Manoeuvres, 2011.
• Félix Ziem (1821-1911) : Voyages, impressions et paradoxes, cat. exp., Beaune, Aix-en Provence, Musée des Beaux arts, 2011.
• F. Verlinden, G. Fabre, L. Marchetti, La traversée d’un siècle : Félix Ziem, 1821-1911, Paris : RMN, 2001.

Si le nom de Félix Ziem reste attaché à ses brillantes compositions picturales de Venise, ou d’un Orient enchanteur qui séduisit les amateurs, ses dessins sont un pendant discret mais révélateur de son envergure artistique. Ziem est avant tout un dessinateur ; après un passage à l’école des Beaux-arts de Dijon dans la section d’architecture, c’est à Marseille qu’il se fit remarquer pour son coup de crayon, alors qu’il travaillait comme conducteur de travaux. Repéré par le duc d’Orléans qui fut l’un de ses premiers acquéreurs, séduit par ses aquarelles, il quitta rapidement son travail pour ouvrir un atelier. Installé à Nice en 1841, il développa une riche clientèle de nobles anglais, princes russes et aristocrates français.

En 1842, l’artiste se rendit pour la première fois en Italie. Il ponctua ses voyages de nombreux dessins, lesquels constitueront un vaste répertoire formel dans lequel il puisa inlassablement tout au long de sa carrière, élaborant en atelier des tableaux inspirés de ses séjours à Rome, Florence, Venise, Constantinople, en Allemagne ou encore en Egypte.
Ziem était un homme sensible, passionné et sentimental ; apprécié pour sa gaieté, il s’avérait également sujet à des crises de désespérance. Mû par la vive douleur de la mort de la femme qu’il aimait, au cours de l’été 1846, il partit en Italie pour la deuxième fois, en compagnie du peintre autrichien Arminius Mayer et de ses trois filles. Il y séjourna jusqu’en 1848. Les albums de voyage annotés conservés au département des Arts graphiques du Musée du Louvre permettent de retracer précisément ce long périple qui mena les artistes au lac de Côme, à Florence, Bologne, Venise, Naples et Rome. Les dessins de cette période expriment une liberté nouvelle. La sûreté du trait de l’architecte demeure, assortie d’une vitalité exempte de sécheresse. Il alterne dans un même carnet l’exécution de croquis spontanés et enlevés et des feuilles plus finies, au dessin serré.

Notre dessin est daté du 2 avril 1848. Au printemps de cette année-là, l’artiste séjourna longuement à Rome. Il posa son chevalet dans la campagne au nord de la Ville Éternelle, sur la rive droite du Tibre. Ziem sait habilement combiner différentes échelles, et marier des plans rapprochés en jouant avec la perspective. À l’horizon le dôme de Saint-Pierre, le château Saint-Ange et la muraille qui les relie situent la scène. Au premier plan, le sujet est double : une villa, dont il annote le nom en bas de sa feuille, que jouxte un bosquet d’arbres représenté avec des effets picturaux, précurseurs de son travail ultérieur en forêt de Fontainebleau. A son retour en France, il séjournera dans une roulotte avant de faire l’acquisition d’une maison à Barbizon, en 1866. Le trait de crayon noir, léger pour mettre en place l’architecture, se fait plus structuré dans le feuillage, rehaussé d’un lavis brun contrasté, et d’une gouache blanche ouvrant des touches de lumière.

Ziem garda toute sa vie la plupart des dessins qu’il avait exécuté pendant ce voyage particulièrement fécond. Matériel précieux, ils sont aussi le témoignage du talent déjà mûr de ce peintre d’origine modeste, formé hors du système des Beaux-arts. Dès son retour à Paris, en 1848, Ziem se fit connaître des marchands d’art parisiens qui vendaient alors les peintres de Barbizon, et accompagnèrent sa carrière prolixe et florissante. Goupil et Boussod, Durand- Ruel, Georges Petit – lequel inaugura sa galerie avec une exposition consacrée à l’artiste, ou encore Bernheim à partir des années 1890, furent les soutiens de son succès. En 1849, il exposait pour la première fois au Salon de nombreuses vues d’Italie. Après avoir exécuté près de 10 000 dessins et 6 000 peintures, en plus de soixante-dix ans, Ziem effectua en 1905 une importante donation au Petit Palais, puis connut l’honneur d’entrer dès son vivant au Louvre, par le legs Chauchard de 1910.
M.B.

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