163 x 115 cm
Huile sur toile
Signé François Flameng en bas à droite
Provenance :
• France, collection particulière
Bibliographie :
• Alexandre Page, François Flameng (1856-1923) : un artiste peintre dans la Grande Guerre, autoédition, 2019
Collectionné par les plus grands musées du monde, le peintre, dessinateur et pastelliste François Flameng est un artiste phare de la Belle Époque. Formé par son père, le peintre et graveur Léopold Flameng (1831-1911), le jeune homme débute un apprentissage rigoureux avant de rejoindre la prestigieuse École des Beaux-Arts de Paris. Sous l’égide d’Alexandre Cabanel (1823-1889), il perfectionne son trait et développe sa maîtrise de la couleur. Sa formation s’achève auprès d’Edmond Hédouin (1820-1889) puis de Jean-Paul Laurens (1838-1921) qui, tout en lui conseillant l’observation des grands maîtres, le dirigent vers la libération de sa touche et de la couleur. La fascination que l’œuvre de ses éminents aînés exerce sur lui le pousse à en reproduire les toiles en planches pour les catalogues d’exposition de la galerie Durand-Ruel. Sa carrière prend un tourant décisif lorsque le jeune artiste, âgé d’une vingtaine d’années, commence à exposer au Salon.
L’Opéra, les Grands Boulevards, le French Cancan, le cirque Fernando, il est un illustrateur de la vie moderne mais aussi de la vie paisible de la campagne, loin de la ville assourdissante. L’œuvre que nous vous présentons révèle ses talents de portraitiste. Tantôt flatteur, tantôt réaliste, le travail de Flameng demeure aussi rigoureux que minutieux.
Sur une toile d’un format ambitieux, Flameng choisit d’illustrer un pan de la vie rurale. Sur un fond de paysage encadré par des arbres dont la bâtisse s’apparente à un corps de ferme, une fillette apparaît au premier plan. Appuyée sur une barrière qui semble délimiter la propriété en arrière-plan, la jeune fille pose son regard sur le peintre. L’image est puissante, le spectateur est confronté à cette figure soutenant le regard.
Dans cette simplicité de composition, Flameng illustre les joies de la vie rurale. Cette petite fille, élégamment vêtue et accompagnée de son chien, calme et obéissant, incarne la tranquillité et ancre la scène dans un moment de douceur. L’œuvre, peinte en 1909 est probablement un rappel de la vie paisible avant la Première Guerre Mondiale dans laquelle le peintre se sentira doté d’une mission de représentation à travers l’illustration de scènes militaires sur le champ de bataille.
Notre œuvre n’est pas sans rappeler certaines œuvres de l’artiste dont Les deux sœurs dans le parc (ill. 1) réalisée après la Première Guerre Mondiale, en 1922. En posant devant le chevalet, les enfants, sages, illustrent une ère d’innocence et de tranquillité de la vie à la campagne.
Dans cette veine naturaliste, Flameng accorde un intérêt particulier au rendu de la lumière. Ici, elle permet de concentrer l’attention sur le regard de la fillette, puis sur sa délicate robe de mousseline et de soie réfléchissant la lumière et enfin sur le chien, fidèle compagnon et protecteur. Par ailleurs, Flameng est un fier représentant de la peinture académique suivant la tradition de son maître Cabanel. Les détails de la composition sont soulignés grâce à une palette chromatique soigneusement sélectionnée. Le premier plan est fait de couleurs éclatantes contrairement à l’arrière-plan, construit grâce à l’utilisation de camaïeux terreux permettant de rendre les matériaux de construction de la maison, de la terre et de la végétation environnante.
Peintre français, défenseur de l’académisme, François Flameng reçut de son vivant de nombreuses commandes allant de la scène historique au portrait. La Première Guerre Mondiale marque cependant profondément son œuvre, le souci du détail ainsi que sa technique raffinée serviront à retranscrire le réalisme terrible de l’affrontement. À la fois portraitiste de l’élite et chroniqueur du front, Flameng laisse, à sa mort à l’âge de 67 ans, une œuvre aussi élégante que poignante, une transition entre le faste de la fin du XIXe siècle et une vision plus sombre et complexe du début du XXe siècle.
M.O.