Jean-Louis DEMARNE (Bruxelles 1752 – Paris 1829)

« L’escarpolette et des musiciens jouant dans un parc »

Huile sur toile.

Né à Bruxelles d’un père officier français et d’une mère autrichienne, Jean-Louis Demarne intégra à l’âge de dix-sept ans l’Ecole de Beaux-Arts de Paris. Il étudia huit années durant au sein de l’atelier de Georges Briard, qui avait été le premier maître d’Elisabeth Vigée-Lebrun. La carrière de Demarne ne fut pas marqué par la quête des honneurs ni de la réussite. Sans en être découragé, il échoua au Prix de Rome en 1772, puis en 1774 au profit de David. Agréé à l’Académie en 1783 avec un « Paysage avec animaux », il n’y fut jamais reçu. Il exposa toutefois abondamment au Salon de 1789 à 1827, à l’Exposition de la Jeunesse, et au Salon de la Correspondance. Demarne collabora régulièrement avec ses contemporains, comme Nicolas-Antoine Taunay ou Jean-Baptiste Leprince. Il dessina en outre des décors figurés pour les manufactures de Dihl et de Sèvres.
Demarne voyagea beaucoup, mais ne se rendit jamais en Italie. Ses paysages sont puisés en Franche-Comté ou en Suisse, patrie de Rousseau et lieu d’exil de Voltaire, destination alors en vogue. Il s’attarda parfois en Normandie, et passa le plus clair de ses étés dans sa propriété de Bois-Ramard, dans l’Yonne. Prunoy, un anglais qui l’y rencontra, évoque dans ses Souvenirs un homme de talent, « modeste dans ses goûts et simple dans ses mœurs ». L’artiste aime étudier d’après nature. Il mène une vie familiale, père de trois enfants parmi lesquels une fille aînée qui peint à ses côtés, et sera régulièrement son modèle.

Jean-Louis Demarne avait toutefois le sens des affaires, et ses choix picturaux lui assurèrent une clientèle régulière. Ses scènes de genre s’inscrivent dans une école qui, au tournant du siècle, se plaît à représenter des vues joyeuses et pittoresques, mais désormais dénuées de tout artifice. La peinture de Demarne est contemporaine, le plus souvent marquée par un goût pour la vie paysanne ; ses Foires, notamment, assurent sa fortune. Son travail n’est toutefois pas exempt de références à la peinture ancienne ; ses principaux modèles sont les peintres flamands du XVIIe siècle. Un critique d’art lui rapprocha par ailleurs le « profil grec » de ses bergères.
Dans cet esprit, notre tableau représente une scène de divertissement au sein d’un parc agrémenté de fabriques, de canaux et de cascades. Au premier plan, des musiciens s’adonnent à leur art. A leur gauche, un jeune homme balance une jeune fille sur l’escarpolette, sujet qui rappelle Fragonard mais dont le traitement est bien différent. On aperçoit en partie droite un canal – le traitement de l’eau fut toujours cher à l’artiste – dont une barque assure le passage. La facture vive et propre révèle l’art de Demarne. Le dessin est serré, la lumière douce envahit une composition équilibrée, la manière porcelainée rappelle le goût du peintre pour l’âge d’or hollandais.

Il est éclairant de rapprocher notre œuvre d’une Scène musicale dans un parc signée par l’artiste, et vendue chez Sotheby’s à Monaco (20 juin 1987). On y retrouve, dans un parc qui pourrait être le même, avec ses jeux d’architecture et d’eau, des groupes de personnages très similaires. Les musiciens, au premier plan, présentent notamment des ressemblances frappantes. La femme jouant du luth a la même physionomie, plantureuse et inspirée, bien assise sur un banc de bois. Le flûtiste est campé de dos, dans la même posture légèrement sautillante.

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