François-Hubert DROUAIS (Paris, 1727 – 1775)

Portrait de Monsieur Florent-Jacques Le Pot d’Auteuil

92 x 72 cm

Huile sur toile
Signé et daté 1772
Cadre en bois sculpté et doré à décor de coquilles, queues de cochons
et fleurettes d’époque Louis XV

Provenance :
• Acquis par l’ancien propriétaire à la galerie Heim à Londres en 1989.
Bibliographie :
• Gabillot, G., ‘Les Trois Drouais’, in Gazette des beaux-arts, 1906

Fils du peintre Hubert Drouais, François-Hubert débute son apprentissage auprès de son père, excellent portraitiste et miniaturiste, qui le forme à l’exercice de la peinture et lui permet de rejoindre les ateliers successifs de Donatien Nonnotte, Carle van Loo, Charles-Joseph Natoire et François Boucher, « il étudia leurs manières différentes et s’en fit une, qu’il devait au choix de tout ce que ces grands artistes lui avaient offert de plus piquant dans leur faire. »
En suivant les conseils avisés de ses excellents professeurs, le jeune artiste se place rapidement comme une figure incontournable du portrait en France. Sa réception à l’Académie en 1758 lui permet de se rapprocher de la cour et il devint l’un des peintres favoris de Madame de Pompadour qu’il célèbre dans quelques exceptionnels portraits dont la plupart sont conservés en collections muséales.

Au-delà des portraits royaux, Drouais répond aussi aux exigences de la noblesse et de la haute société. Jouissant d’une grande réputation, magistrats, ambassadeurs étrangers, professeurs et artistes illustres posent devant le chevalet de l’artiste. Notre tableau en est un remarquable témoignage. Dans ce portrait à mi-corps, Drouais donne toute la lumière attendue à Monsieur Florent-Jacques Le Pot d’Auteuil, notaire de la haute société parisienne, de la Cour ainsi que de la famille royale, trônant ici à son bureau, rédigeant son testament. Monsieur Florent-Jacques Le Pot d’Auteuil enregistra en outre le contrat de mariage entre Guillaume du Barry et la favorite royale, Jeanne Bécu. Il n’est donc pas surprenant que Monsieur Le Pot d’Auteuil ait choisi Drouais, favori de Madame du Barry pour dresser son portrait, ainsi que celui de son frère cadet, Denis-Paul le Pot de la Fontaine (ill. 1)

Drouais donne une grande intensité psychologique au visage du modèle. Son regard plonge dans celui du spectateur qui, comme le peintre, semble interrompre le sujet dans sa réflexion.
Le soin accordé par l’artiste à la représentation de chaque élément d’apparat permet de rappeler la condition sociale élevée du modèle. En effet, assis sur un fauteuil à dossier arrondi et garni d’un élégant velours vert, le sujet s’appuie sur un bureau d’époque transition, orné d’élégants entrelacs de bronzes rappelant l’œuvre de Jean-Henri Riesener (1734-1806), ébéniste de Louis XV. Un encrier en argent lui permet de rédiger son testament.
L’harmonie de la palette utilisée par l’artiste rend ici la vivacité d’esprit et le regard éloquent du modèle fièrement présenté. Il est aussi richement vêtu : l’habileté de François-Hubert Drouais à retranscrire les matières rend avec brio le velours et les dentelles sortant élégamment de sa veste, que l’on devine d’une très belle facture.
Formé parmi les meilleurs de sa génération, François-Hubert Drouais fait preuve d’une grande habileté dans le dessin qui se veut précis et d’un trait rigoureux, traduisant une vérité frappante mais aussi flatteuse : les portraits de l’artiste, très appréciés, charment systématiquement les physionomies. La matière y est généreuse et permet de retranscrire les chairs et matières délicates finement rendues, particulièrement à travers les visages et perruques arrondis et poudrés ayant presque valeur de signature. Notre modèle n’échappe pas à la règle : la poudre de sa perruque marque le haut du col de sa veste, contrastant largement avec le velours noir.

Entre son père Hubert et son fils Jean-Germain, François-Hubert Drouais fut le plus illustre peintre de sa famille. Après avoir portraituré presque tous les membres de la famille royale, l’artiste, nommé Premier peintre par le Comte de Provence en 1773, s’intéresse aux portraits de la noblesse dont il expose fièrement quelques portraits aux Salons. Le soin accordé à notre portrait laisse envisager une exposition au Salon de 1773, probablement sous l’appellation « plusieurs portraits sous le même numéro ».
Contrairement à quelques-uns de ses contemporains, l’artiste représente, la plupart du temps, ses modèles occupés à une tâche. Ils jardinent, jouent de la musique ou dans notre cas, sont représentés à leur bureau, permettant d’apporter plus d’authenticité à l’œuvre : ici le portrait se veut intime et familier.

M.O.

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