Alphonse OSBERT (Paris, 1857 – 1939)

The Morning Prayer

40.2 x 27.2 cm. (15 1316 x 10 1116 in.)

1905
Oil on canvas

Signed, dated, titled and dedicated, lower right: À ma fille chérie / Cette prière du matin en souvenir de sa première communion / 8 juin 1905 / A. Osbert [To my darling daughter / This morning prayer as a souvenir of her First Communion / June 8th, 1905 / A. Osbert]

Provenance :
• France, collection particulière.

Bibliographie (oeuvre inédite) :
• Le symbolisme en Europe, mai-juillet 1976, Gd Palais
• Véronique Dumas, Le peintre symboliste Alphonse Osbert (1857-1939), Thèse de doctorat d’Histoire de l’art. Université́ Blaise Pascal - Clermont-Ferrand II, [s.n.], Clermont-Ferrand, 1999

« Travailler et produire, créer est bienfaisant. C’est un peu voir son âme comme dans un miroir Et voir passer son rêve auquel on aime croire ;.. »

Formé par Henri Lehmann aux Beaux-Arts, Alphonse Osbert ne suit pourtant pas les conseils de son maître lorsqu’il s’agit de suivre la voie tracée par Léon Bonnat. En gagnant l’Espagne, le jeune peintre trouve l’inspiration chez les maîtres anciens tels que Velasquez et Ribera qu’il copie assidument, notamment dans le rendu de la puissance des anatomies. Au-delà de ces observations, ce voyage se révèlera bien plus enrichissant encore : il lui dévoilera la lumière. C’est en travaillant le rapport de la lumière à la spiritualité́ qu’Osbert trouve réellement sa voie et se place indéniablement comme l’un des pionniers de la peinture symboliste. L’année 1892 marque le début de son triomphe. Reconnu et soutenu par les critiques, l’artiste développe progressivement sa propre conception poétique du paysage, comme moyen d’exprimer la douceur de la nature et le repos des âmes. Sensible au silence, il immerge son travail d’un effet mystérieux, dont les ciels, calmes et apaisants évoquent, à travers l’image d’un moment suspendu, une certaine nostalgie.

Ses oeuvres sont la représentation muette de songes et d’émotions comme suspendus dans le temps. En choisissant des figures féminines gracieuses, Osbert évoque la douceur, les lignes courbes évoquent le calme et la tranquillité de ces havres de paix dans lesquels elles apparaissent. Par sa peinture, Osbert recherche une émotion esthétique dont l’environnement se rapproche d’une émotion pieuse. Dans cette volonté d’une peinture sensible, les lignes et les couleurs traduisent une forme de peinture idéaliste et spirituelle dans lesquels les figures s’apparentent à des prêtresses incarnant une invitation à la méditation.
Dans ce paysage onirique probablement inspiré des environs de Vichy, source inépuisable de motifs pour ses paysages, la figure féminine est représentée de trois-quarts, les mains croisées sur la poitrine et la tête tournée vers le ciel comme appelant à la méditation. D’un trait aussi savant que précis, l’artiste épure progressivement ses lignes, décolore les figures et en trace délicatement les contours.
Il s’agit d’un délicat témoignage de tendresse entre l’artiste et sa fille réalisé en souvenir de sa première communion. Plus qu’un peintre, l’artiste devient poète, révèle ses songes, utilisant la nature comme reflet de son état d’âme et de ses sentiments pieux. Les lignes ont un rôle expressif majeur dans l’oeuvre de l’artiste : les lignes horizontales expriment le repos et l’harmonie, tandis que les lignes verticales illustrent le lien entre la terre et le ciel, ici entre sa fille et Dieu.

Osbert travaillait depuis le modèle vivant, évoquant ici la douceur des traits de sa fille par des coloris pastel entre le camaïeu de parme et de bleu, couleur omniprésente dans son oeuvre. Comme quelques-uns de ses contemporains dont son ami Alexandre Séon (1855-1917), Osbert développe et applique son propre symbolisme des couleurs, ne travaillant que les couleurs qui lui permettent d’exprimer ses émotions intérieures espérant ainsi toucher l’âme du spectateur. Le bleu, considéré comme la couleur la plus profonde est symbole de mélancolie, le blanc celui de la pureté utilisé ici pour incarner l’innocence et la jeunesse de sa fille, et le vert d’espérance. Prises entre le lever ou le coucher du soleil, entre le silence et la contemplation, les oeuvres d’Osbert s’apparentent systématiquement à une Arcadie rêvée, un monde idéal ignorant tout
détail matériel superflu.

De sa découverte en 1888 à sa mort en 1939, Alphonse Osbert restera très attaché au symbolisme. Largement reconnu de son vivant, il aura côtoyé les plus éminents peintres de la fin du siècle dont Pierre Puvis de Chavannes, Maurice Denis ou encore Émile Bernard. Fidèle aux nombreuses réunions d’artistes visant à donner à la l’art une nouvelle dimension spirituelle et décorative dont La Plume, L’Épreuve ou encore la Rose+Croix, Osbert participe aux évènements les plus importants et se crée une place de choix sur la scène artistique. Son talent lui vaut d’être célébré à travers la France et au-delà des frontières : Boston, Saint-Pétersbourg, Tokyo, Madrid, Liverpool, Bruxelles, Milan ainsi que Riga en Lettonie où il se distinguera par une médaille d’or.

Nous remercions Madame Valérie Dumas d’avoir confirmé l’authenticité de notre oeuvre qui sera intégrée dans le catalogue raisonné en préparation sur l’artiste.

M.O.

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