Henri Joseph HARPIGNIES (Valenciennes, 1819 - Saint-Privé, 1916)

Chemin au crépuscule

25 x 34,5 cm

1879.
Aquarelle.
Signé et daté en bas à gauche

Henri Joseph Harpignies abandonna à l’âge de vingt-sept ans une carrière de négociant industriel pour embrasser la vie d’artiste. Il fit ses premières armes sur le motif auprès du peintre Jean Achard, puis acheva sa formation à Rome. De retour en France en 1852, il s’installa à Paris où ses qualités de peintre ne tardèrent pas à assurer sa réputation. Sa longue carrière, couronnée d’un succès constant, s’épanouit à travers l’aquarelle qu’il pratiqua avec une grande liberté.
Épris de campagne, constamment au contact de la nature, Harpignies parcourut de nombreuses régions françaises. On retrouve dans la forêt de Fontainebleau ce fervent admirateur de Corot, qui gardera toutefois un style personnel indépendant de l’école de Barbizon.

C’est pendant l’été 1869 que l’artiste découvrit la forêt de Tronçais dans l’Allier, grâce à’une de ses élèves, Jeanne Rongier. Son père était fermier général des terres du duc de Morny. Locataire du château du Montais, dans les environs du Brethon, il a invité l’artiste. Lors d’une chasse à courre pendant ce séjour, Harpignies s’était perdu et fit un long détour, ce qui lui permit de découvrir la Bouteille, le Château du Creux, le chemin de Vallon à Hérisson qui longeait l’Aumance, le château de la Roche et Chateloy. Pris par le charme du site, le peintre se promit d’y revenir. Chaque année, il louait ainsi une maison à Hérisson, avant d’acquérir, en 1879, la propriété de La Trémellerie à Saint-Privé, dans l’Yonne, sur les bords du Loing. L’artiste passa dès lors tous ses étés jusqu’à sa mort à Saint-Privé, idéalement situé entre les vallées de l’Allier, de l’Aumance et de la Nièvre.

Peinte l’année même de l’installation d’Harpignies à Saint-Privé, notre aquarelle semble évoquer davantage les environs vallonnés de Hérisson que les vastes plaines du Loing. Derrière l’apparente liberté d’exécution et la spontanéité de la vue se cache une construction réfléchie et plastique. Les verticales sinueuses des arbres se découpent sur le ciel et organisent l’espace entre, en bas, les collines opaques et, en haut, les dentelles transparentes des frondaisons coupées par le bord de la feuille. Parcouru par quelques nuages gris bleutés, le blanc du papier remplace le bleu céleste, donnant l’impression d’une journée couverte et fraîche, mais néanmoins lumineuse. Le tout est rendu dans une harmonie un peu sourde de verts et de bruns dont se détachent les silhouettes frêles d’une mère vêtue de bleu et coiffée d’un chapeau rouge, accompagnée par son jeune fils. On retrouve ces minuscules personnages qui ne sont que des taches colorées dans plusieurs dessins et huiles d’Harpignies réalisés en 1879 et dans les années suivantes.
A.Z.

Bibliographie générale (oeuvre inédite)

Jean-Louis BALLERET, De Corot à Balthus, Paris, Cercle d’art, 1997.
Catalogue de l’exposition de 25 tableaux, 40 aquarelles de Harpignies présentés par Lucien Moline dans les salons du Grand Hôtel de Roubaix, Roubaix, 1928.
Paul GOSSET, Henri Harpignies, peintre paysagiste français, s.l., 1982.
Henri-Joseph Harpignies paintings and watercolors. A Loan Exhibition, Memphis, The Dixon Gallery and Gardens, 1978.
Harpignies, catalogue d’exposition, Maubeuge, Musée Fercot-Delmotte, 1977.
Henri Harpignies, 1819-1916, catalogue d’exposition, Valenciennes, Musée des Beaux-Arts, 1970.

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