Mathurin MEHEUT (Lamballe 1882 - Paris 1958)

"Etude pour trois bigoudènes"

Gouache, lavis et pierre noire. Monogrammé et daté en haut à droite.

Mathurin Méheut entra à l’école des Beaux-Arts de Rennes en 1897, puis aux Arts Décoratifs de Paris où il s’installa en 1902. Il obtint la bourse du voyage dite « du Tour du Monde », qui lui permit de voyager et peindre notamment à Hawaï et au Japon.
Pendant la guerre de 1914-1918, il fut mobilisé, mais ne lâcha pas ses crayons pour autant : combattant et dessinateur, il a livré dans ses Croquis de Guerre son témoignage sur la vie dans les tranchées. Après l’armistice, il revint dans sa Bretagne natale et enseigna à l’école des Beaux-Arts de Rennes. Il devint illustrateur, spécialisé dans la représentation de la vie simple et laborieuse, de la faune et de la flore bretonnes. Il publia plusieurs ouvrages avec planches : l’Encyclopédie artistique et documentaire de la plante, l’Etude de la Mer, l’Etude de la Forêt.
Mathurin Méheut fut également peintre du Ministère de la Marine dès 1921.
L’artiste se fit aussi connaître par son activité de décorateur : de 1924 à 1935, il est appelé sur les chantiers de neuf paquebots dont le Normandie. Il pratiqua également une activité de céramiste, et devint un précieux collaborateur de la faïencerie Henriot de Quimper, la manufacture de Sèvres ou encore Villeroy et Bosch.
On a vu des expositions des œuvres du Breton voyageur au Musée des Arts Décoratifs en 1913 et 1921, à San Fransisco en 1923, à la Galerie Charpentier en 1931 et à la Galerie Berheim en 1956.

Témoin d’une époque, passionné par les hommes et les femmes de son beau pays, fasciné par le folklore breton, Mathurin Méheut a sillonné la Bretagne, de Rennes à Dinan, de Roscoff à Saint Guénolé, et en pays Bigouden, laissant une incroyable production créative et un précieux témoignage de la vie sur la côte Ouest. Parmi les artistes bretons du XXème siècle, Mathurin Méheut est certainement le plus prolifique, le plus polyvalent et le plus populaire. Son œuvre dresse une grande fresque du peuple breton, montrant le vrai visage de la Bretagne à travers ses instantanés colorés.

Après la guerre, un long séjour de l’artiste à Penmarc’h va le plonger dans le folklore bigouden, qu’il tente d’exprimer dans de nombreux travaux, et entre autre une belle série de gravures réalisées en 1921.
Notre « Etude pour trois bigoudènes » qui date probablement de cette période livre ici une image emblématique de la Bretagne à travers ce trio de jeunes bretonnes en costume traditionnel. Très conscient que le folklore breton semblait appelé à bientôt disparaître, Méheut s’était donné pour mission de rassembler sur le vif la vie quotidienne bretonne. La beauté et la diversité des costumes l’ont particulièrement passionné.
Ces 3 grâces parées de coiffes dentelées semblent comme figées en plein mouvement :les couleurs vives, les poses naturelles et spontanées, le fond clair et neutre donne une vision très réaliste d’un moment suspendu, moment dont Méheut aura probablement puisé l’inspiration sur un marché, lors d’une fête populaire ou d’un Pardon rassemblant des pélerins de diverses régions. On imagine presque ces trois jeunes femmes prêtes à s’élancer dans une danse au son du biniou.
L’ensemble parvient à nous livrer une évocation authentique, vive et joyeuse de la Bretagne, gaie et colorée autant que ces trois Bretonnes, jaunes comme les genêts et les mimosas, bleues comme l’océan.

« À travers ce monde qu’il avait longtemps parcouru, il a aimé la forêt et la mer, la fleur, l’insecte, les beaux fauves, la cour de ferme, les jardins japonais, les landes d’Armor, les ports de pêche, le balancement des voiles, l’étincellement nacré des sardines à l’émersion des filets bleus, le sang sur le ventre des thons, le coup de fouet sur le lézard surpris, les rocs déchiquetés du Raz et les coiffes ailées des pardons. »
Maurice Genevoix de l’Académie Française in Cahiers de l’Iroise, Brest 1976.

Bibliographie :
- D.DELOUCHE, A. DE STROOP, C.ROZE, De Bretagne & d’ailleurs, Editions Palantines, 2008.
- Hommage à Mathurin Méheut, cat.d’exposition de l’association Buhez-Vie, 1982

Provenance :
France, Collection particulière

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