Estella CANZIANI (Londres 1887 – 1964)

« Spirit of fire »

Tempera sur panneau. Monogrammé d’une étoile dans un C et daté 1919.

Fille du peintre Louisa Starr (1845 – 1909) et d’un ingénieur italien, Estella Canziani était une femme à la personnalité atypique, profondément ancrée dans ce début du XXe siècle.

En tant que peintre, elle connut un succès certain, exposant à la Royal Académy de Londres, puis à Liverpool, Milan, Venise et en France. Son oeuvre la plus célèbre, « The Piper of dreams » (exposée à la Royal Academy en 1915), charmante scène pastorale fantaisiste et onirique était d’ailleurs très populaire auprès des soldats pendant la première guerre mondiale. La plus importante collection de ses tableaux est aujourd’hui conservée au Museum and Art Gallery de Bimingham.

Estella Canziani illustra également des manuels médicaux et réalisa de nombreuses aquarelles scientifiques, mais elle fut surtout célèbre dans le grand intérêt qu’elle manifeste pour le folklore régional qu’elle étudia au cours de ses voyages en Europe, particulièrement en Italie, et en Afrique. Elle releva également les chansons, les proverbes, et les contes populaires, tel que celui de Peau d’Ane qu’elle apprit d’une jeune italienne. Elle publia plusieurs ouvrages sur le folklore italien et réunit une importante collection qu’elle légua au Pitt River Museum d’Oxford et au Museum of London.

Dans ses recherches sur le folklore, dans son mode de vie, comme dans sa peinture, on trouve chez Estella Canziani une grande influence du mouvement « Art and Craft » et un réel engagement idéologique. Bien que plus tardif que Ruskin et Morris, on reconnaît chez elle certains de leurs principes : L’art et l’artisanat sont vus comme des modes d’expression indispensables à l’homme, qui doivent lui permettre de retrouver les fondamentaux de son existence. Le fait que Canziani ait choisi la tempera comme médium pour notre petit portrait est très significatif d’un nécessaire retour aux techniques de la Renaissance italienne. L’oeuvre est avant tout perçue comme un objet d’art.

Bien qu’un peu tardive dans sa réalisation (1919), Canziani a su mêler le réalisme social rencontré au fil de ses voyages, à un univers fantastique et onirique nourri de contes et légendes, faisant d’elle une artiste résolument symboliste, comme l’illustre l’oeuvre que nous présentons ici. Le choix du portrait féminin, la figure allégorique aux cheveux de feu, l’emploi de couleurs vives et acides, exacerbées par la technique de la tempéra, tout ici évoque ses ainés et modèles.

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