Henri-Joseph HARPIGNIES (Valenciennes, 1819 – Saint-Privé, 1916)

Vue de Saint-Pierre de Rome

23 x 32 cm

Aquarelle
Signé en bas à droite Harpignies

Provenance :
• France, collection particulière

Bibliographie :
• Jean-Pierre Cappoen, Henri Harpignies, 1819-1916 : peindre la nature : exposition, Cosne-Cours-sur-Loire, Musée de la Loire, 4 juin-26 novembre 2016, Cosne-Cours-sur-Loire : Musée de la Loire, 2016

Henri-Joseph Harpignies débute une carrière de voyageur de commerce avant de se consacrer à sa passion artistique à l’âge de 27 ans, en prenant des leçons auprès du peintre de paysage Jean Achard (1807-1884).
Passionné par l’Italie qu’il visite deux fois, il s’imprègne pleinement de la douceur de la campagne romaine qui occupe la majeure partie des œuvres issues de ces séjours (ill. 1). En revenant à Paris, son talent est salué lors de sa première exposition au Salon de 1853 grâce à une œuvre de plein air titrée Vue de Capri. Il remporte par la suite de nombreux prix et médailles qui lui permettent de se tailler une place de choix parmi les peintres de paysages de sa génération. Harpignies voue une réelle admiration aux peintres de l’école de 1830 dont Corot principalement, qu’il considère comme son maître et dont il s’inspire largement à ses débuts avant de développer progressivement sa propre manière, expression de sa personnalité à travers des œuvres délicates qui ravissent l’œil des spectateurs en quête de dépaysement.

Dans cette paisible vision de la nature apparaît au loin la basilique Saint-Pierre de Rome, entourée de la campagne romaine. L’attention est donnée à la nature, qui occupe la plus grande partie de la composition, permettant à l’œil de se promener sur l’ensemble de l’œuvre avant d’apercevoir un personnage assis au deuxième plan, croquant vraisemblablement la vue qui lui est offerte. L’immensité de la nature environnante permet d’illustrer son ascendant sur l’Homme, probablement la conviction personnelle de l’artiste qui pourrait par ailleurs s’être lui-même représenté dans notre composition.
Au cours du XIXe siècle, la pratique du croquis et de l’esquisse en plein air est très courante en Europe. Les artistes français se tournent vers l’Italie, considérée comme le cœur de la tradition artistique, afin de s’imprégner de ses paysages et de ses grandioses monuments et vestiges antiques qu’ils intègrent à leurs œuvres. Peindre en plein air permet à l’artiste de se confronter à l’exercice du réel : des conditions climatiques et une lumière naturelle en perpétuel mouvement exigent une excellente maîtrise du dessin et de la couleur. De cette production d’esquisses et de croquis naissent de plus ambitieuses compositions issues d’un savant mélange entre la technique française et l’inspiration italienne. Ces précieux travaux sont réalisés directement sur le vif, symboles de la nature à l’état pur, parfois alliée à de célèbres sites tel que Saint-Pierre de Rome, comme en témoigne notre étude.

À mi-chemin entre la peinture et le dessin, notre aquarelle est un témoignage des fructueux séjours italiens de l’artiste. Incontestable exemple de l’exercice de plein air, l’artiste croque cette vue panoramique spectaculaire, restituée avec une spontanéité évidente qui traduit la grande sensibilité de l’artiste.
Forêts, villes, mers, fleuves et rivières, Harpignies ne se cantonne pas à un endroit ou type précis de paysage comme le faisaient la plupart de ses contemporains. Notre œuvre témoigne de ce goût pour la nature, restituée ici en transparence grâce à l’utilisation de l’aquarelle. En choisissant de représenter le Tibre courant autour de la ville, il juxtapose dans une même œuvre deux éléments qu’il chérit tant : l’eau et la terre. Bien qu’il restitue des vues grandioses, les compositions de l’artiste sont souvent empreintes d’un effet intime et poétique.

Excellent dessinateur, Harpignies rencontre un vif succès en tant qu’aquarelliste lorsqu’il expose à Londres à la New Watercolour Society. Surnommé de son vivant le « Michel-Ange des arbres » , l’artiste fascine son public par la douceur qui émane de son travail et qu’il parvient à insuffler à chacune de ses œuvres, qu’elle soit esquissée, aquarellée ou peinte.
Probablement conservée dans la collection personnelle de l’artiste, cette étude, comme la plupart, n’était pas destinée à être exposée ni vendue. Ressources essentielles à la création, les esquisses, permettent de retravailler les œuvres en atelier et de retrouver instantanément la fraîcheur et la spontanéité d’un instant précis.

M.O

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