Christian Tangermann (Halberstadt 1769 – Berlin 1830)

Portrait de Friedrich Wilhelm Graf von Schlabendorf (1704 - 1803)

Pastel sur vélin

Fils d’un fermier et cordonnier, Christian Tangermann faillit passer à côté d’une belle carrière artistique, faute de moyens et de contacts pour se former. En effet, en dépit de son intérêt pour l’art, son père le destinait plutôt à l’artisanat, dont il sut progressivement se défaire pour vivre de sa passion et exercer son talent artistique.
Fort heureusement, ses pas le menèrent en 1786 à Berlin, à l’Académie Royale des Beaux-Arts et des Sciences Mécaniques où il rencontra Johann Christophe Frisch, recteur de l’académie et peintre de la Cour auprès de Frédéric II. Sa carrière d’artiste put alors prendre son envol.
Acceptant un poste de professeur, il laissa définitivement derrière lui son métier d’artisanat et continua à travailler auprès d’Heinrich Gottlieb Eckert. Durant cette période il reçut de nombreuses commandes de portraits qui devinrent sa spécialité : il fut bientôt connu comme un honorable portraitiste, notamment de miniatures. Il commença alors à courir le monde, sa réputation d’artiste de cour le devançant souvent.
Autour de 1807 – 1809, il partit travailler à Saint Pétersbourg, puis revint à Vienne vers 1812.
Très actif, Tangermann intégra l’association des artistes Berlinois.

En tant que peintre portraitiste, Christian Tangermann a laissé un nombre considérable d’œuvres, à l’huile ou au pastel, notamment une série de portraits de la famille de Friedrich Wilhem II, roi de Prusse comme ceux du Prince Carl de Prusse (1815, Berlin), du Prince Albert de Prusse ou encore de Friedrich Wilhelm III.

Notre pastel aux couleurs vibrantes et intenses révèle le portrait de Friedrich Wilhelm Graf von Schlabendorf (1743-1803) réalisé en 1794. La sobriété de la mise en page laisse toute la place à ce visage et surtout ce regard, d’un bleu profond, qui fait écho au bleu de la redingote.
On est saisi, presque captivé par ces deux pupilles tournées vers nous. Dans un demi-sourire, le jeune homme pose avec cette expression discrète et silencieuse. C’est là tout le talent de Tangermann : installer par quelques traits savamment brossés une intimité entre le modèle et celui qui le regarde. Les chairs sont délicatement rosées, les cheveux vaporeux et aériens, les contours presque floutés. Ici le dessin est présent mais non appuyé : il laisse régner la couleur.
Notre pastel met véritablement en relief les qualités de dessinateur et de coloriste de l’artiste qui semble chercher à rendre un portrait fidèle, vivant, expressif plutôt qu’une réalité travestie ou embellie.

Bibliographie :

- Neil Jeffares, Dictionnary of Pastellists before 1800, Unicorn Press, 2006.

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