Jean-Baptiste MALLET (Grasse 1759 – Paris 1835)

L’innocence et la fidélité ramenant l’Amour

31,7 x 40,5 cm

Vers 1805.
Huile sur panneau d’acajou préparé.
Signé en bas à droite du fauteuil Mallet et inscrit « toujours à même » sur le bandeau.
Cachet de cire au dos aux initiales AS (?), laurées.

Provenance :
• France, collection particulière

Bibliographie :

• Andrea Zanella, Trois peintres grassois : Jean-Honoré Fragonard, Marguerite Gérard, Jean-Baptiste Mallet : Musée Fragonard, collection Hélène et Jean-François Costa, Villa-Musée Jean-Honoré Fragonard, Grasse, 2011
• Alain Pougetoux, La collection de peintures de l’impératrice Joséphine, Paris : Réunion des musées nationaux, 2003.

Formé auprès de Pierre Paul Prud’hon (Cluny, 1758 – Paris, 1823) et de Léonor Mérimée (Chambrais, 1757 – Paris, 1836), Jean-Baptiste Mallet participe régulièrement aux Salons entre 1791 et 1824 et y est de nombreuses fois médaillé. Connu comme peintre d’histoire, chroniqueur du Directoire et de l’Empire, il trouve sa reconnaissance dans le courant néoclassique ainsi que dans la veine troubadour dont il est l’un des inventeurs, qui saisit le début du XIXe siècle.

La vie antique romaine se révèle dans notre tableau à travers l’architecture classique d’une maison particulière. Au premier plan d’une pièce ornée d’une pergola couverte de lierre, des personnages évoquent l’Amour, dont les allégories sont très prisées durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les sujets sélectionnés par Mallet peuvent être rapprochés de ceux choisis par son compagnon d’étude Pierre Paul Prud’hon, dont son œuvre L’Amour séduit l’Innocence, le Plaisir l’entraîne, le Repentir suit (1809, huile sur toile, 97,5 x 81,5 cm, collection particulière) en est un exemple probant. Dans notre œuvre, l’Innocence, illustrée par une jeune fille coiffée de fleurs et la Fidélité illustrée par le chien, ramènent tous deux l’Amour, être délicat représenté sous les traits d’un enfant ailé qui s’approche timidement d’une figure assise lui tendant les bras. Le bandeau ceignant le front de cette jeune femme vêtue à l’antique porte l’inscription «  toujours à même  », laissant supposer qu’elle incarne l’allégorie de la Constance de l’amour.

La construction, proprement néoclassique, est pensée comme un décor de théâtre. Les personnages, encadrés par un décor jouent leur rôle afin d’illustrer le triomphe de l’amour, un sujet typique du néoclassicisme gracieux, dont Jean-Baptiste Mallet est un fier représentant. Dans cette pièce antiquisante caractéristique de l’époque Empire, la rigueur du mouvement s’exprime aussi à travers l’importance accordée aux détails. À l’arrière-plan, le mobilier est fait d’acajou, une statue figure un amour assis allumant son flambeau et une frise pompéienne court le long du mur. Le sol dallé de marbre et la pergola sont deux éléments chers au répertoire décoratif de l’artiste que l’on retrouve également dans l’Hymen, conservée au musée Fabre à Montpellier.

Les débuts de Mallet sont marqués par une préférence pour la technique de la gouache qui exprime d’ores et déjà une touche d’une grande finesse. En se tournant vers la peinture à l’huile dès le début du XIXe siècle, l’artiste gratifie ses œuvres d’une touche plus lisse et délicate encore. Les personnages, à la peau de porcelaine, évoquent les sculptures antiques et répondent ici à celle de l’arrière-plan. La lumière y est finement traitée : douce et délicate perçant à travers le feuillage de lierre de la pergola, elle éclaire les personnages détachés du fond sombre d’acajou.

Jean-Baptiste Mallet traita également L’Innocence et la Fidélité ramenant l’Amour sur toile (31 x 39 cm, collection particulière). En choisissant un support d’acajou, sur lequel il appose fièrement sa signature, l’artiste confère ici une préciosité supplémentaire à son travail. Souvent associé à Marguerite Gérard pour l’élégance et la finesse d’exécution de ses œuvres, Jean-Baptiste Mallet remporte un vif succès auprès de ses contemporains. Artistes et collectionneurs, les œuvres de Mallet séduisent également la cour impériale dont l’impératrice Joséphine, qui lui achète un Intérieur de ménage au Salon de 1812 (localisation actuelle inconnue).

M.O.

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