Alphonse OSBERT (Paris 1857-1939)

Méditation

24,6 x 41,2 cm

1907.
Huile sur toile.
Signé, daté et titré et numéroté au verso de la toile : n°294 / A.Osbert / Méditation/1907.

Provenance :
• Belgique, collection particulière.

Bibliographie (œuvre inédite) :

• Véronique Dumas, Le peintre symboliste Alphonse Osbert (1857-1939), Thèse de doctorat d’Histoire de l’art. Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand II, [s.n.], Clermont-Ferrand, 1999
Le symbolisme en Europe, mai-juillet 1976, Gd Palais

« Travailler et produire, créer est bienfaisant.
C’est un peu voir son âme comme dans un miroir
Et voir passer son rêve auquel on aime croire ;.. »

Formé par Henri Lehmann aux Beaux-Arts, Alphonse Osbert ne suit pourtant pas les conseils de son maître lorsqu’il s’agit de suivre la voie tracée par Léon Bonnat. En gagnant l’Espagne, le jeune peintre trouve l’inspiration chez les maîtres anciens tels que Velasquez et Ribera qu’il copie assidument, notamment dans le rendu de la puissance des anatomies. Au-delà de ces observations, ce voyage se révèlera bien plus enrichissant encore : il lui dévoilera la lumière. C’est en travaillant le rapport de la lumière à la spiritualité qu’Osbert trouve réellement sa voie et se place indéniablement comme l’un des pionniers de la peinture symboliste.

L’année 1892 marque le début de son triomphe. Reconnu et soutenu par les critiques, l’artiste développe progressivement sa propre conception poétique du paysage, comme moyen d’exprimer la douceur de la nature et le repos des âmes. Sensible au silence, il immerge son travail d’un effet mystérieux, dont les ciels, calmes et apaisants évoquent, à travers l’image d’un moment suspendu, une certaine nostalgie. D’un trait aussi savant que précis, l’artiste épure progressivement ses lignes, décolore les figures et en trace délicatement les contours.

Réalisée en 1907, notre oeuvre s’inscrit dans les premiers essais proprement symbolistes du peintre et son intérêt grandissant pour les effets de lumière comme moyen de retranscrire un sentiment ou une émotion. En se rendant chaque année en Normandie, dont ses parents étaient originaires, Osbert s’intéresse aux paysages délaissés et épurés et en admire la silencieuse beauté à chaque moment de la journée. Ainsi, les titres de ses oeuvres sont souvent précis : parmi les nombreux envois qu’il fait au Salon des Artistes Français on relève en 1919 Le calme du soir et en 1922 Solitude, le coucher du soleil. Comme couvertes d’un fin voile de soie, les couleurs pastel de ses oeuvres atténuent la puissance des coloris et convient instantanément à une sensation de douceur et de bien-être renforcé par la clarté estompée et confuse de la ligne d’horizon.

Son oeuvre exprime également un sentiment panthéiste de la nature. L’eau, douce et filante occupe une place proéminente dans son oeuvre : calme, elle rappelle le temps qui passe mais aussi la douceur du moment partagé. Sa vision contemplative des éléments lui permet de transformer ses oeuvres en sanctuaires sacrés, dans lesquels les arbres s’érigent et les personnages se fixent comme des statues. Presque systématiquement figures féminines, les personnages ne sont pas précisément identifiables, elles sont les prêtresses de l’artiste. Actrices de la solitude et de la poésie au service de la réflexion, elles sont aussi des allégories des sens : tantôt seules, tantôt multiples, elles peuvent ainsi illustrer le toucher par leurs délicats mouvement, ou encore, comme dans notre oeuvre, l’ouïe, grâce à leur lyre enchanteresse, évoquant la douceur des chants qui bercent le spectateur et l’invite à participer au songe de l’artiste. Comme émanant d’une rêverie, l’artiste vêtit ses muses de robes blanches, couleur de la pureté, incarnant la Méditation et magnifiant les effets du soleil et de l’eau sur les éléments.

Largement reconnu de son vivant, Osbert aura côtoyé les plus éminents peintres de la fin du siècle dont Pierre Puvis de Chavannes, Maurice Denis ou encore Émile Bernard. Fidèle aux nombreuses réunions d’artistes visant à donner à la l’art une nouvelle dimension spirituelle et décorative dont La Plume, L’Épreuve ou encore la Rose+Croix, Osbert participe aux évènements les plus importants et se crée ainsi une place de choix sur la scène artistique. Son talent lui vaut d’être célébré à travers la France et au-delà des frontières : Boston, Saint-Pétersbourg, Tokyo, Madrid, Liverpool, Bruxelles, Milan ainsi que Riga en Lettonie où il se distinguera par une médaille d’or.

M.O.

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