Abraham BLOEMAERT (Gorinchem 1565-Utrecht 1651)

"Allégorie de l’harmonie musicale"

Plume, lavis de bistre et rehauts de blanc sur traits de pierre noire

Abraham Bloemaert voyage dès son plus jeune âge et accompagne son père, le sculpteur Cornélius Bloemaert, à travers toute la Hollande. Il se rend surtout à Utrecht où il bénéficie notamment de l’enseignement de Frans Floris. A l’âge de seize ans il gagne la France et s’installe à Paris pour réaliser des copies d’après les maîtres. Il étudie alors les œuvres de Primatice et de Nicolo Dell’Abbate. A son retour en Hollande il mène une vie publique active en devenant citoyen de la ville d’Amsterdam. En 1611 il est nommé inspecteur de la guilde d’Utrecht, poste stratégique qui lui permit d’être connu de tous les personnages importants de l’époque et de jouir ainsi d’une réputation artistique inouïe.

C’est vers 1650 que Bloemaert donne cette allégorie de l’harmonie musicale qui apparait dans le catalogue raisonné de l’artiste par Jaap Bolten (illustration 523b, page 241) sous le titre de « Apollon et Pan dans une joute musicale, avec Midas et Tmolus en juges » néanmoins les personnages ne semblent pas correspondre à cet épisode précis mais illustre plus vraisemblablement le caractère général de l’harmonie musicale. Apollon, présent en arrière plan, insuffle aux muses l’inspiration artistique et l’harmonie. La trompette posée au sol évoque la présence d’Euterpe, muse de la Musique.

Le caractère universel de cette concordance musicale est indiqué par la présence d’un satyre, fidèle acolyte du dieu Dionysos. En effet, dans la Grèce antique les mélodies dionysiaques, composées à la flute de pan la plupart du temps, étaient jugées dissonantes et disgracieuses. En cela elles étaient ironiquement opposées à la musique pure représentée ici par Apollon et les muses. La cohabitation et l’entente de ces deux groupes ne peut qu’amplifier la notion d’harmonie qui, ici, est totale et unanime.

(Peut être à mettre en rapport avec son sens de la diplomatie et de la vie politique ainsi que sa grande popularité dans toute la Hollande du 17ème.)

BIBLIOGRAPHIE :

- Gustav DELBANCO,”Abraham Bloemaert 1564-1651”, Strasbourg, 1928
- Jaap BOLTEN, « Abraham Bloemaert, dessins », éditions Leiden, 2007

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