François BOUCHER (Paris, 1703-1770)

Femme assise en habit de soie dorée devant un rideau

52.4 x 37.5 cm

Vers 1748-1750.
Pierre noire, sanguine, craie blanche, estompe et rehauts de pastel noir, pastel de couleur jaune et bleu pâle.
Collé en plain sur un montage XIXème, annoté en bas à gauche à la plume et encre brune : 77.

Provenance
 Collection Alfred de Rothschild
 Collection de la comtesse Almina de Carnarvon
 Vente Christie’s du 22 mai 1925, n°6
 Collection particulière

Ce dessin figurait dans la collection d’Alfred de Rothschild (1842-1918). Dans la vente Christie’s de 1925, le titre du dessin est donné en français, avec une faute d’orthographe, comme si la maison de vente avait recopié une mention écrite sur un montage ou cadre ancien, ce qui indiquerait une provenance française avec son entrée dans la collection Rothschild.
Le dessin a été remonté, et peut-être légèrement recoupé, ce qui pose un difficile problème pour l’identification du numéro porté à son bas.

La jeune femme est assise de profil dans un fauteuil aux moulures caractéristiques des années 1750, elle porte une robe de soie blanche aux reflets dorés. Tout en étant élégant, le détail n’est pas poussé dans le détail du visage et du vêtement. Il présente des repentirs visibles et des hésitations dans la mise ne place du profil et de la main droite ; ces repentirs sont évidents par exemple sur le bras, d’abord mis en place légèrement à la pierre noire, et enfin repris comme il se doit à la sanguine, avec ce retour sur le motif dans un mélange de techniques, caractéristique de l’artiste.
L’estompe, apparue dans les années 1750, y est très présente tandis que les noirs profonds du pastel sont discrets. Il semble que le travail sur la robe ait été interrompu, alors que les blancs commençaient à être mariés à l’estompe pour donner avec cohérence les éclairages venant de la gauche. Dans un souci d’harmonie involontaire mais caractéristique, la forme des plis de la robe de soie épouse celle des pieds du fauteuil, motif secondaire dont la menuiserie est traitée avec autorité.

Il ressort de cette observation que tous les détails techniques propres à Boucher s’y retrouvent, et que la date vers laquelle ils orientent dans la carrière de l’artiste est celle des années 1750. C’est pour Boucher le moment des cartons de la tenture de La Noble Pastorale qui présente d’élégantes jeunes femmes en robe de soie. C’est celui aussi où il échange avec le ministre de Suède à Paris, Carl Fredrik Scheffer, des lettres concernant la commande des Heures du Jour dépeintes pour la princesse Louise-Ulrique de Suède comme des jeunes femmes faisant la conversation ou sortant en habit de bal. C’est surtout le moment où il rencontre Jeanne Le Normant d’Étiolles, future madame de Pompadour, favorite officielle à partir de 1748.
Compte tenu de la date, on pense aussitôt à la favorite, d’autant plus que le costume porté est tout à fait caractéristique, avec cette collerette « à l’espagnole » qu’on lui voit dans les années 1750 sur deux esquisses célèbres de Boucher, en robe jaune et près d’un clavecin au Louvre (inv. RF 2142), en robe bleue et devant sa coiffeuse à Waddeson Manor (inv. 965.1995). Il n’est pas impossible qu’avant de la peindre Boucher n’ait pas fait de la favorite des dessins, afin de saisir l’élégance fragile du prestigieux modèle.

Bibliographie
 Françoise JOULIE, François Boucher, fragments d’une vision du monde, Paris, 2013, cité et reproduit p. 106-109.

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