Joseph-Marie VIEN le Jeune (Paris, 1761 – 1848)

Portrait d’un membre de l’Assemblée constituante

19 x 8,8 cm

Pierre noire et lavis d’encre noire
Signé et daté Vien f. 1790

Provenance :
• France, collection privée

Bibliographie :
• L’Etoffe des héros : costumes et textiles français de la Révolution à l’Empire : [exposition], Musée des arts de la mode, Paris : Union des arts décoratifs, 1989

Élève de son père Joseph-Marie Vien, peintre et directeur de l’Académie de Rome, et de François Vincent fameux peintre d’histoire, le jeune Vien débute un apprentissage rigoureux qui lui ouvre les portes d’une carrière fructueuse. Reconnu par l’Académie, il expose aux Salons de 1794 à 1835.
Impliqué dans la société et dans l’évolution des idées, il participe à l’illustration des visages phares de la Révolution dont notre portrait est un exemple. D’un regard calme et serein, le profil de notre modèle peut être rapproché de celui de Maximilien de Robespierre (ill. 1 et 2), personnage public qui avait défendu l’abolition de la peine de mort et se tourne progressivement vers une politique plus stricte, menant au Régime de la Terreur.

L’artiste date son œuvre de 1790, à l’aube de la Révolution. Contrairement au reste du peuple, dont les idées politiques étaient associées à leurs accoutrements prônant la simplicité et l’économie, notre modèle apparaît d’une toilette soignée, coiffé d’une perruque poudrée. Il est vêtu à la mode révolutionnaire, conservant cependant une certaine élégance : probablement vêtu de noir, car c’est en noir que siègent les représentants du Tiers-État aux États généraux (ill. 2), le modèle porte une veste à revers boutonné, catégorisée sous la Révolution comme « vêtement de dessus », sous laquelle apparaît un gilet boutonné découvrant un collet blanc. Une culotte longue et des bas habillent ses jambes, ses pieds sont chaussés de souliers noirs à boucle.
Représenté en pied, le personnage se tient fièrement, une main sur la hanche, l’autre tenant, contrairement au bonnet phrygien associé au peuple, un chapeau réservé aux personnalités régissant l’Ordre : assez volumineux et coiffé d’une cocarde tricolore et de plumes. En 1792, le marquis de La Fayette porte par ailleurs, le même chapeau, tenu de la même façon dans le portrait réalisé par Joseph-Désiré Court (ill. 3).

Après des débuts en tant que portraitiste, Joseph-Marie Vien le Jeune trouve sa voie dans l’exercice de la miniature qui lui permet d’exprimer sa virtuosité technique en capturant la psychologie de ses personnages. Il accorde toute son attention à la représentation des détails et rend ses miniatures avec la même rigueur que ses portraits, allant de la retranscription du tempérament de son modèle au détail des accessoires. Dans notre œuvre, l’artiste s’attache à la représentation fidèle des symboles de la personnalité et du rôle du modèle dont le chapeau à plume, la cocarde, ou encore les châtelaines que porte le modèle à la taille (détail similaire ill. 2), en vogue à la fin du XVIIIe siècle. Grâce à la mine de plomb, Vien Le Jeune rehausse les contours de sa figure qui, dans un format réduit, bénéficie d’une préciosité supplémentaire. L’ensemble, réalisé avec finesse et précision permet à l’artiste de traiter ce portrait comme une icône, pouvant être aisément reproduite.

La vie et la carrière de Joseph-Marie Vien le Jeune demeurent peu documentées. Détaché par l’aura paternelle dont il bénéficie à ses débuts, Vien le Jeune parvient à bâtir sa réputation en tant que peintre de petits portraits. Signant du même nom, la paternité de ses œuvres a pu être confondue avec celles de son père, réduisant considérablement son corpus.
Après avoir mis son talent au service de la Révolution, l’artiste suit l’évolution de la politique française en immortalisant le profil de Napoléon Bonaparte, Ier consul, aujourd’hui conservé au musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau à Rueil-Malmaison (inv. M.M.82.4.1, 54 x 46 cm).

M.O

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