Henri-Joseph HARPIGNIES (Valenciennes, 1819 - Saint-Privé, 1916)

Vue de la campagne romaine

12 x 23,4 cm

Plume, lavis d’encre et aquarelle
Signée en bas à gauche
Située et datée Rome 1851 en bas à droite

Provenance :
• Pays-Bas, collection particulière

Exposition :
• Galerie Brame et Lorenceau, Paysagistes du XIXe, Paris 2001, reproduit p. 90-91

Bibliographie :
• Jean-Pierre Cappoen, Henri Harpignies, 1819-1916 : peindre la nature : exposition, Cosne-Cours-sur-Loire, Musée de la Loire, 4 juin-26 novembre 2016, Cosne-Cours-sur-Loire : Musée de la Loire, 2016

« C’est l’amour de la campagne, le désir de contempler à loisir le spectacle de la Nature, et surtout l’ardente ambition de la représenter avec justesse et vérité, qui ont déterminé notre profession. »

Dès 1850, Harpignies pratique abondamment l’aquarelle qui devient son moyen d’expression de prédilection et lui permet d’exprimer les variations chromatiques de la nature au gré des saisons.

Au cours du XIXe siècle, la pratique du croquis et de l’esquisse en plein air est très courante en Europe et l’Italie se place au cœur de cette tradition. Notre aquarelle est datée 1851, Harpignies réalise son premier voyage en Italie et ne rentrera en France que deux ans plus tard. De même que la précédente aquarelle présentée dans ce catalogue, l’artiste livre ici une ode au calme, à la tranquillité et à la simplicité de la vie rurale.

Tout comme ses confrères, Harpignies vient puiser l’inspiration à Rome mais aussi dans ses campagnes dépeuplées qui lui inspirent de nombreuses esquisses et aquarelles traitées sans artifice, croquées sur le vif (ill. 1). Doté de son matériel portatif et d’un carton sous le bras, l’artiste étudie la vue qui lui est offerte tout au long de la journée. Baignée par la puissante lumière du soleil qui semble avoir atteint son zénith, notre œuvre constitue un excellent exemple de cette production. À mi-chemin entre la peinture et le dessin, la technique de l’aquarelle permet de traiter le ciel de façon atmosphérique et la terre brûlée par le biais de l’utilisation du lavis et de couleurs très diluées traitées en camaieux de bleu, de bruns et d’ocre. Ces œuvres forment une véritable source d’inspiration et ne sortent guère de la sphère de l’artiste. La plupart du temps destinées à un usage personnel, elles servent de modèle d’expérimentation au traitement de compositions plus ambitieuses exécutées en atelier.

À la fois étude pratique et témoignage documentaire, l’œuvre traitée avec une grande acuité traduit la grande sensibilité de l’artiste. Dans cette paisible atmosphère naturelle aux accents bucolique où le temps paraît suspendu, la vue n’est ici troublée que par la présence de quelques maisons. La chaleur écrasante semble avoir eu raison des paysans et des animaux, à la recherche d’un coin d’ombre où se reposer.

Conçue comme une véritable petite œuvre finie, notre aquarelle incarne l’exemple type de l’exercice de plein air exécuté avec spontanéité auquel Harpignies se confronte jusqu’à la fin de sa carrière. Dans cette charmante vision, il est aisé de s’imaginer le peintre vêtu de sa blouse de peintre assis devant un modeste chevalet de campagne, une boîte d’aquarelle ouverte posée à ses pieds. Vraisemblablement satisfait de son travail, il prit le soin de dater et de situer son travail dans la matière encore fraîche, preuve d’une œuvre exécutée sur le motif.

M.O

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