33,5 x 25 cm
Aquarelle sur traits de crayon
Dédicacée à Madame Mossler /Souvenirs respectueux, signée et datée 188... en bas à droite.
Provenance :
• France, collection particulière.
Bibliographie :
• Albert Besnard (1849-1934) : modernités Belle Époque, [cat. exp.], Palais-Lumière Évian (2016), Paris, Petit Palais (2016-2017), Paris : Somogy éditions d’art : Petit Palais-Musée des beaux-arts de la ville de Paris ; Évian : Palais Lumière, 2016
• Chantal Beauvalot et al. : Albert Besnard 1849-1934, catalogue de l’exposition du musée Eugène-Boudin de Honfleur, 2008
• Jean Adhémar (1908-1987), catalogue de l’exposition organisée à la Bibliothèque Nationale en 1949, à l’occasion du centenaire de la naissance de l’artiste : Albert Besnard : l’œuvre gravé, peintures, dessins, pastels
• Georges Lecomte, Albert Besnard, préface de Gustave Geffroy, Paris, Nilsson, 1925
• Camille Mauclair, Albert Besnard – L’homme et l’œuvre, Paris, Delagrave, 1914
• Frantz Jourdain, Le Peintre Albert Besnard, Paris, Boussod-Valadon, 1888
Loué par la République pour sa carrière, Albert Besnard fut le premier peintre auquel le gouvernement fit l’honneur de funérailles nationales : il reçut de nombreux honneurs dont le prix de Rome, son élection à l’Académie des beaux-arts, à l’Académie française, directeur de la villa Médicis puis de l’École des beaux-arts
Génie de « l’intimisme » (terme forgé par le critique Camille Mauclair vers 1900), ses scènes de genre à l’aquarelle diluée semblent lavées par les sentiments. Besnard est un romantique après l’heure, retranscrivant les émotions par la couleur. Parfois incompris par ses confrères mais toujours admiré par son public fidèle, il répond aux commandes officielles dont le plafond de la Comédie-Française, parmi tant d’autres.
Entre la sphère publique et la sphère privée, l’œuvre que nous vous présentons ici rejoint la seconde catégorie. Reconnu comme un portraitiste, il place la figure féminine au cœur de ses œuvres (ill. 1).
Dans cette œuvre le spectateur est invité dans l’intimité d’une conversation de salon. Trois femmes, confortablement assises et accoudées échangent, tournées les unes vers les autres. Une douce lumière émane de ce qui semble être une fenêtre à l’arrière-plan de la conversation qui laisse deviner une heure paisible de l’après-midi.
Le peu d’informations dont nous disposons sur Madame Mossler à qui l’artiste dédicace l’œuvre, ne contrarie en rien le puissant lien amical qui semble avoir existé entre l’artiste et son modèle. On peut aisément soupçonner la présence de Madame Mossler parmi les trois femmes représentées.
Souvenir d’un lien indéfectible, cette esquisse devenue œuvre à part entière illustre la sensibilité de l’artiste. Le format restreint de l’œuvre participe au côté précieux et laisse penser que l’œuvre fut croquée sur le vif. Il ne s’agit en rien d’une commande, l’idée de l’intimité prend ainsi le dessus sur la minutie des détails : avec un minimum de moyens, les silhouettes sont réduites à des taches colorées en de larges aplats, dilués à l’extrême. L’utilisation des couleurs pastel retranscrit la douceur de vivre et l’atmosphère délicate, presque évanescente qui règne dans ce salon. L’œuvre silencieuse retranscrit pourtant ce qui semble être une conversation en milieu d’après-midi, le regard du spectateur est invité à s’immiscer dans un échange de regards entre les trois personnages.
En dehors de tout encadrement officiel, les aquarellistes français tels que Besnard ont pu exprimer le meilleur de leur art par des œuvres intimistes, révélant leur profonde sensibilité. Comme nombreux de ses confrères en cette seconde moitié du XIXe siècle, Besnard fut séduit par les effets de transparence et de fluidité que permet l’aquarelle et joue avec une grande maîtrise de la réserve de ses feuilles. Grâce à une personnalité indépendante qui ne suit aucun groupe, naviguant entre l’impressionnisme et le symbolisme, Albert Besnard trouve sa propre spécialité entre la sphère privée et publique et se démarque ainsi parmi ses contemporains.
M.O