Henri-Joseph HARPIGNIES (Valenciennes, 1819 – Saint-Privé, 1916)

Vue du jardin du Luxembourg

25,5 x 36,5 cm

Aquarelle et lavis d’encre sur traits de crayon noir
Signé et daté en bas à gauche Harpignies 1882 et annoté Paris en bas à droite

Provenance :
• France, collection particulière.

Bibliographie :
• Jean-Pierre Cappoen, Henri Harpignies, 1819-1916 : peindre la nature , exposition, Cosne-Cours-sur-Loire, Musée de la Loire, 4 juin-26 novembre 2016, Cosne-Cours-sur-Loire : Musée de la Loire, 2016

Henri-Joseph Harpignies débute une carrière de voyageur de commerce avant de se consacrer à sa passion artistique à l’âge de 27 ans, en prenant des leçons auprès du peintre de paysage Jean Achard (1807-1884).
Passionné par l’Italie qu’il visite deux fois, il s’imprègne pleinement de la douceur de la campagne romaine qui occupe la majeure partie des œuvres issues de ces séjours. En revenant à Paris, son talent est salué lors de sa première exposition au Salon de 1853 grâce à une œuvre de plein air titrée Vue de Capri. Il remporte par la suite de nombreux prix et médailles qui lui permettent de se tailler une place de choix parmi les peintres de paysages de sa génération. Harpignies voue une réelle admiration aux peintres de l’école de 1830 dont Corot principalement, qu’il considère comme son maître et dont il s’inspire largement à ses débuts avant de développer progressivement sa propre manière, expression de sa personnalité à travers des œuvres délicates qui ravissent l’œil des spectateurs avisés.

Dès 1850, Harpignies pratique l’aquarelle, qui devient son moyen d’expression de prédilection et lui permet d’exprimer les variations de la nature au gré des saisons. Davantage connu pour ses paysages naturalistes, Harpignies réalise cependant quelques vues parisiennes, et étudie l’aspect de la ville aux différentes heures de la journée. Notre Vue du jardin du Luxembourg en est un excellent exemple.

À mi-chemin entre la peinture et le dessin, la technique de l’aquarelle permet de traiter le paysage urbain de façon atmosphérique, par le biais de l’utilisation du lavis et de couleurs très diluées. La nature est toujours présente dans les vues de Harpignies. Elle est ici illustrée avec finesse par les différentes nuances chromatiques de vert illustrant les arbres en fleurs dans la partie gauche de la composition. L’œuvre semble avoir été croquée sur le vif au printemps.
À droite de la composition apparaît le palais du Luxembourg se détachant distinctement du ciel bleu dégagé, permettant également d’apercevoir, au fond à gauche de la composition, les deux tours de l’église Saint-Sulpice. Dans cette vue, l’artiste retranscrit un jardin qui semble suspendu dans le temps, une aire de calme et de tranquillité, rythmée par la représentation de personnages faits de fines touches noires d’aquarelle.

Au cours du XIXe siècle, la pratique du croquis et de l’esquisse en plein air est très courante en Europe. Peindre en plein air permet à l’artiste de se confronter à l’exercice du réel : des conditions climatiques et une lumière naturelle en perpétuel mouvement exigent une excellente maîtrise du dessin et de la couleur. De cette production d’esquisses et de croquis naissent de plus ambitieuses compositions.

Excellent dessinateur, Harpignies rencontre un vif succès en tant qu’aquarelliste lorsqu’il expose à Londres à la New Watercolour Society. Surnommé de son vivant le « Michel-Ange des arbres » , l’artiste fascine son public par la douceur qui émane de son travail et qu’il parvient à insuffler à chacune de ses œuvres, qu’elle soit esquissée, aquarellée ou peinte.

Probablement conservée dans la collection personnelle de l’artiste, cette étude, comme la plupart, n’était pas destinée à être exposée ni vendue. Ressources essentielles à la création, les esquisses, permettent de retravailler les œuvres en atelier et de retrouver instantanément la fraîcheur et la spontanéité d’un instant précis.

M.O.

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