Fernand LE GOUT-GÉRARD (Saint-Lô, 1856 - Paris, 1924)

Bretonnes rentrant du travail à la poissonnerie de l’île de Sein

65 x 54 cm

Circa 1900
Pastel sur papier monté sur châssis. Signé FL au crayon en bas à gauche et F Le Gout Gerard à la pierre noire en bas à droite. Le titre est inscrit au crayon au revers du montage.

Exposition
Mulhouse, sans date (d’après une étiquette au revers).

Couchers de soleil en baie de Concarneau, femmes et enfants attendant au port le retour des pêcheurs, foules massées sur les marchés... L’univers pittoresque de Fernand Le Gout-Gérard n’eut de cesse de séduire les amateurs d’une Bretagne populaire et poétique, reflet d’un passé désormais révolu.
Enfant de Normandie, Le Gout-Gérard abandonna à 33 ans une carrière dans l’administration du Trésor pour lui préférer l’activité de peintre. Exposant au Salon des artistes français dès 1889, puis à la Société Nationale des Beaux-arts à partir de 1894, Le Gout-Gérard fut également apprécié à l’étranger, notamment à la Pastel Society de Londres. En 1900, il fut nommé peintre de la Marine, un an avant l’entrée dans ce corps prestigieux de Ziem et de Signac.

L’artiste découvrit Concarneau dans les années 1890, et s’y établit définitivement en 1903. Sa villa, Ker Moor, lui offrait un grand atelier en surplomb de la baie. Résidant à Paris l’hiver, il peignit également Venise, la Grèce, ou encore l’Afrique du Nord, mais ce sont ses vues de Bretagne – Concarneau, Quimper ou Douarnenez – qui le feront passer à la postérité.

Le Gout-Gérard éprouve une prédilection pour les ambiances crépusculaires ; il saisit au soleil couchant cette barque de bretonnes rentrant de la poissonnerie de l’île de Sein. De nombreuses espèces de poissons abondent autour de l’île rocheuse, qui est alors un centre de pêche actif. On y prépare notamment le congre, exporté à Bordeaux puis redistribué dans le sud de la France et l’Espagne.
Le petit voilier progresse vent arrière, la voile gonflée est illuminée par les dernières lueurs du couchant. Les bretonnes qui y sont groupées, silhouettes noires coiffées de blanc, sont voûtées par le poids du labeur du jour. On les sait du continent, à la différence des Iliennes qui portent une coiffe noire.

Le peintre manie le pastel avec audace : un bleu ciel donne aux coiffes leur modelé, un bleu de Prusse rehausse les habits noirs. La mer foisonne de couleurs. L’artiste juxtapose des traits vifs, sans mélange : vert clair, jaune, rose, orange, bleu clair ou bleu outremer révèlent les éclats de la fin du jour. Au second plan progressent d’autres voiliers qui ne sont que des ombres, vers un rivage que l’on discerne à peine à l’horizon. Dans une même harmonie de tons veloutés, le ciel est traité en fondu, sur une base bleue que couvre un voile moiré jaune et rose orangé.

Notre dessin pourrait-être contemporain du Passeur, un pastel sur papier de 1899 (vente Thierry-Lannon & Associés, Brest, 10 décembre 2001, lot 98) représentant également une barque emplie de femmes rentrant du travail à la tombée du jour, alors que le soleil semble tout juste disparu.
M.B.

Bibliographie générale
Jean-Marc MICHAUD, Fernand Le Gout-Gérard. 1854-1924, cat. exp., Musée du Faouët, 2010.

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