FRANCOIS LEMOYNE (Paris 1688 – 1737)

« Portrait d’une jeune fille en buste avec une guirlande de fleurs dans les cheveux »

Pastel sur papier bleu marouflé sur toile et monté sur un châssis en châtaignier

François Le Moyne fut célèbre pour la sensualité, l’élégance et l’harmonie de ses nus féminins. Il peignit également des sujets mythologiques qui restent remarquables par leur touche libre, leur surface séduisante et leur douceur. Sa Baigneuse (Musée de l’Hermitage), avec l’image d’une femme entrant dans l’eau, réalisée en Italie et exposée en 1725, lança le style Louis XV en peinture. Enfin, le travil de le Moyne à Versailles fut un tel chef d’œuvre que Louis XV le nomma premier peintre le jour même où L’Apothéose d’Hercule fut dévoilée en 1736.
François Le Moyne fut également le maître de Boucher et de Natoire
Ce pastel en buste d’une jeune femme en profil couronnée de fleurs a certainement servi comme étude pour une image allégorique ou mythologique. Avec la poitrine à moitié dévoiléeée, ses lèvres entre-ouvertes, elle peut représenter soit Flore, la déesse des fleurs, soit Hébé, fille de Jupiter et de Junon, femme d’Hercule. Hébé, déesse de la jeunesse, pouvait rendre la beauté et faire rajeunir les personnes âgées.
La composition serrée ainsi que la facture se rapprochent de plusieurs pastels qui ont servi comme études pour des chefs d’œuvres de l’artiste. Citons une « Tête de Hébé », (British Museum) pastel préparatoire pour L’Apothéose d’Hercule, ou encore un portrait en pastel de « Louis XV », c. 1729 (Getty Museum) et « Une Tête d’Enfant », (Musée du Louvre), tous deux études pour Louis XV donnant la Paix à l’Europe (Versailles, Salon de la Paix).
Dans ses moindres détails, ce pastel d’une jeune femme symbolise la délicatesse de l’esprit de son auteur. Les formes furent d’abord dessinées et mises en place à la sanguine et ensuite reprises à la craie en ombre brûlé. L’artiste a rendu les transparences des chaires par une application généreuse de craies claires. Il développe aussi les contours des oreilles avec des petites touches de rose, tandis que les yeux sont très fins et vifs. Tout aussi caractéristiques de François Le Moyne sont les rehauts de blanc sur l’extrémité du nez et des lèvres. Les cheveux mordorés dévalent en boucles et débordent librement autour du visage et le long de la nuque. Le travail de la main avec le pouce retourné confortent l’attribution car ce défaut anatomique se retrouve dans d’autres œuvres de l’artiste. (Voir notre pastel de Le Moyne, Allégorie de la fécondité, exposé en 2009)
Le Moyne, réalisait ses pastels sur papier bleu. Il utilisait souvent des châssis en châtaignier pour les protéger contre les xylophages. Cette technique témoigne de son souci de pérenniser même les œuvres les plus fragiles au pastel. La présentation de ce pastel en format chevalet renforce le raffinement et le caractère précieux de l’œuvre.

Bibliographie
- P.STEIN, French Drawings from the British Museum, Clouet to Seurat, British Museum Press and Metropolitan Museum of Art, 2005, cat. No. 44, couverture et pp. 116-117
- X.SALMON, François Lemoyne à Versailles, Château de Versailles, 2001
- X.SALMON, L’Apothéose d’Hercule de François Lemoyne au château de Versailles. Histoire et restaraution d’un chef-d’œuvre, Emmanuel Ducamp, ed. Paris, 2001.
- J-L.BORDEAUX, François Le Moyne and his Generation, 1688-1737, Paris : Arthena, 1984, p. 163, no. 110.

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