Luigi SABATELLI le Jeune (Milan, 1818 – 1899)

Provenance :
• France, collection particulière

Bibliographie :
• Luigi Sabatelli, 1772-1850 : disegni e incisioni : catalogo, Beatrice Paolozzi Strozzi (dir.), L. S. Olschki, Florence, 1978

Né à Milan en 1818, le jeune Sabatelli porte le même nom que son père Luigi Sabatelli dit « l’Ancien », considéré comme un précurseur du romantisme du début du XIXe siècle. Contrairement à son père, nous ne disposons que de très peu d’éléments biographiques sur le fils. Benjamin de sa fratrie, il semblerait qu’il se soit montré meilleur élève que ses deux frères Francesco et Giuseppe dans le maniement du crayon puisqu’il est choisi, dès son plus jeune âge, pour travailler aux côtés de la figure paternelle. Sa formation précoce lui permet de se perfectionner et de rapidement devenir son plus proche collaborateur.
Parmi les commandes officielles que reçoit son père, le jeune artiste met en pratique ses dons à travers la technique de la fresque, dont on trouve aujourd’hui quelques exemples dans des églises milanaises. Son œuvre semble essentiellement tourner autour de la représentation d’épisodes bibliques en réponse aux commandes de l’Église.

A l’orée du XIXe siècle, Luigi Sabatelli père est considéré en Italie comme un précurseur du romantisme. Dans cette volonté d’expression des sentiments sur une surface plane, il s’intéresse naturellement à l’étude des fauves (ill. 1) mais aussi des chevaux, un intérêt qu’il transmet à son fils et dont notre feuille est un formidable exemple. Tantôt sauvage, tantôt domestique, le cheval est un sujet particulièrement apprécié tout au long du XIXe siècle. Entre fougue, déchirement et vitalité, l’animal incarne l’expression de sentiments humains. Probablement inspiré par l’œuvre de ses contemporains tel que Eugène Delacroix (1798-1863) (ill. 2), Sabatelli fils trouve dans l’étude des chevaux le vocabulaire nécessaire au rendu des émotions.

Notre dessin illustre la pensée créative de l’artiste. Sur une feuille de papier beige, Sabatelli trace à la plume quelques études de chevaux. Probablement croqué sur le vif, il reproduit avec une grande acuité les particularités anatomiques de l’animal. La musculature est rendue par un savant jeu de hachures, les figures sont cernées par un trait plus appuyé d’encre brune et d’encre ferrogallique, jadis utilisée par ses aînés italiens du XVIe et du XVIIe siècle. L’œuvre comprend deux études de têtes, une étude de museau, deux études de jambes mais également une étude de cheval vu de dos, démontrant ainsi la capacité de l’artiste à rendre ses figures en raccourci.
Dans cette effervescence intellectuelle prise entre progrès industriel et force animale, les sociétés européennes assistent au cours du XIXe siècle au développement d’une véritable culture équestre. Au-delà de ses critères esthétiques, le cheval demeure le moyen de transport privilégié depuis l’Antiquité qu’il est nécessaire de savoir représenter pour n’importe quel peintre d’histoire. Sabatelli n’échappe pas à cet exercice et met à profit ses nombreuses études qu’il intègre à ses fresques.

Artiste méconnu oublié de l’histoire de l’art, Luigi Sabatelli fils fut pourtant très apprécié pour les fresques qu’il réalise pour de nombreuses églises entre Milan et quelques autres villes du Nord de l’Italie. La qualité de notre feuille rappelle que l’artiste était, avant d’être fresquiste, un excellent dessinateur qui mérite toute notre attention.

M.O