Daniel Ferdinand CAFFÉ (Leipzig 1793 – 1837)

"Portrait de jeune femme en buste au ruban de perles"

Pastel sur papier marouflé sur toile. Signé et daté D. F. Caffé. 1814 sur la manche en bas à gauche.

Peintre et pastelliste allemand, Daniel Ferdinand Caffé grandit à Leipzig, alors principale ville de Saxe, et théâtre en 1813 des guerres napoléoniennes. L’art de Daniel-Ferdinand s’inscrit dans la lignée de son père, Daniel Caffé, également pastelliste. Ce dernier avait commencé à pratiquer le dessin en autodidacte, avant de se former auprès de Johann-Heinrich Schmidt. Portraitiste cosmopolite, Schmidt avait notamment étudié à l’Académie Royale chez Jean-Baptiste-Marie Pierre. Daniel Caffé suivit ensuite les conseils de Casanova et d’Anton Graff, et subit l’influence du peintre néo-classique Anton Raphaël Mengs (1728 – 1779). Devenu peintre de la société de Dresde, puis de Leipzig où il s’installa en 1795, le style de Caffé père refléta rapidement le goût bourgeois de sa clientèle. On y décèle l’esthétique Biedermeier, attachée à la représentation de la sphère privée et du bonheur domestique.
Daniel Ferdinand Caffé s’inséra dans le milieu artistique où évoluait son père, auprès duquel il apprit le métier. Sa manière se démarque toutefois par une sensibilité romantique, attachée à l’individualité et au sentiment de ses modèles.

Caffé figure une jeune femme en buste, dans une matière velouté rehaussée de stries très fines. Les couleurs du modèle sont avivées par les nuances de gris perlé qui forment l’arrière-plan. A la finesse chromatique du rose de la robe, satiné sur la manche, transparent sur la poitrine et l’épaule, répond l’étonnante densité du bleu du châle. Désirant proposer des alternatives au coûteux bleu outremer issu du lapis-lazuli, les recherches sur le pigment bleu s’étaient intensifiées à la fin du XVIIIe siècle. C’est l’analyse du « smalt » des porcelainiers qui permit la mise au point d’un bleu minéral de synthèse à base de cobalt. Découvert dès 1777 par deux chimistes allemands, le pigment fut synthétisé par le français Jacques-Louis Thénard en 1802, et mis en vente dès 1804. La couleur, très pure, connut un franc succès auprès des artistes au cours du XIXe siècle.
Caffé suggère un portrait délicat, dont les détails soulignent l’élégance. Le cou arbore un collier de perles fines, et l’oreille s’orne d’une boucle d’or stylisée. Une rose à peine éclose est lacée dans le ruban qui souligne la taille haute de la jeune femme. L’épais tissu de son châle est frangé de motifs géométriques colorés, selon la mode néo-classique. La coiffure enserre le visage dans un écrin : la lumière joue dans des cheveux relevés en boucles, retenus par un ruban noir relevé de deux rangs de perles. L’artiste a dessiné un visage aux traits singularisés, tourné vers le spectateur. Les lèvres fermées ébauchent un léger sourire. La beauté pensive de la femme se concentre dans son regard, d’un bleu transparent relevé de deux touches de lumière.
La majeure partie des pastels de Daniel Ferdinand Caffé, qui constituent aujourd’hui encore un corpus réduit, sont conservés au Musée de Leipzig. On peut par exemple confronter notre œuvre au Portrait d’enfant daté de 1813, ou à celui d’une Dame inconnue (1825).
On y retrouve ce regard tourné directement vers le spectateur, et cette mise en page resserrée, qui confèrent au travail de Caffé un sentiment d’intimité non dénué de grâce.

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