François BOUCHER (Paris, 1703 - 1770)

Allégorie de la peinture

84 x 102,5 cm

Circa 1765.
Huile sur toile.

Beau cadre en bois sculpté et doré d’époque Louis XV.

Provenance
France, collection particulière depuis la fin du XIXe siècle.

Ces trois amours regardant un dessin sont empruntés à la grande composition Les Génies des arts que François Boucher réalisa en 1761 (Angers, musée des Beaux-Arts, inv. 2013.22.4,). Destinée à être tissée aux Gobelins, elle présente sous une forme allégorique tous les arts. Le groupe des amours peintres situé au centre de la toile a directement inspiré le sujet de ce dessus de porte, agrandi au XIXe siècle, qui a retrouvé aujourd’hui son format d’origine. Il faisait probablement partie d’une série de deux ou de quatre sujets allégoriques inspirés tous de cette même tapisserie.

Destinés à être vus de dessous, ces trois petits personnages sont placés sur un fond de paysage et de ciel, et se détachent sur un bas-relief repris de celui qui dans la grande composition pour la tapisserie porte le buste de petite fille de Saly et un putto assis de Duquesnoy. Mais il est ici placé plus bas, stabilisant la partie inférieure du tableau et soulignant la présence de la palette du peintre. Entre le carton d’Angers et ce dessus de porte, les variantes sont nombreuses. Les trois putti sont plus assis dans la composition du dessus de porte, moins élancés que dans la toile pour les Gobelins toute entière composée en hauteur, leur destination explique peut-être ce choix. Même si les expressions sont identiques, on retrouve aussi des variantes subtiles dans la position des mains, le dessin des visages, la manière dont celui du second se découpe sur l’aile du troisième, le jeu des draperies, le visage de femme en sanguine que les trois chérubins contemplent. Cette liberté d’exécution, la facture de l’ensemble, le détail raffiné de certains chromatismes indiquent une seconde version. On y retrouve d’ailleurs une manière proche de celle d’un Fragonard. La palette est claire et brillante, avec des accents de noir et les touches de rouges au bout des doigts ou sur les oreilles moins présentes que d’habitude ce qui suggère peut-être un travail d’atelier en collaboration avec le maître plutôt que du maître seul.

Le carton de tapisserie a été commandé à Boucher en avril 1761. Il est d’ailleurs daté et a été tissé postérieurement pour madame de Pompadour sur un métier de basse lisse des Gobelins. L’Allégorie de la peinture étudiée ici se place donc dans les dernières années de la vie de François Boucher. Les premiers décors à sujets de putti étaient apparus très tôt dans son œuvre après le retour d’Italie, dès les années 1733-1734, chez des particuliers puis chez la reine Marie Leczinska à Versailles. La publication des recueils gravés en a diffusé les motifs partout en France et en Europe à partir des années 1750. L’ensemble le mieux conservé, installé à Amalienborg en 1757, présente dans sept dessus de portes les allégories des arts sous la forme d’enfants nus accompagnés de divers objets et instruments. Ils annoncent la composition des Génies des arts des Gobelins conservée à Angers. Le tableau de l’Allégorie de la Peinture s’inscrit dans cette production quotidienne des dernières années de l’artiste et qui reflète, à l’aube du néo-classicisme, le goût persistant des amateurs pour ce genre de décor.

Françoise Joulie

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