Huile sur panneau
Provenance :
Collection Alain Delon, vente Galliera, Paris, 28 novembre 1971, n° 18.
Collection du comte d’Harcourt
Collection du baron Schickler
Théodore Géricault est né à Rouen le 26 septembre 1791. En 1800, la famille du peintre quitte Rouen pour Paris.
En 1808, il entre dans l’atelier de Carle Vernet et se lie d’amitié avec son fils Horace Vernet. C’est à leurs côtés que Géricault développe son double goût pour le dessin et les chevaux. Il quitte l’atelier de Carle Vernet en 1810 pour devenir l’élève de Jean Urbain Guérin qui lui apporte une solide formation technique.
En février 1811, Géricault s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts. Au Louvre, il copie Velázquez et Rubens.
A la suite d’une déception amoureuse, il part en 1816 pour l’Italie où il étudie les maîtres anciens tels que Michel-Ange, Raphaël, et aussi Caravage. Il revient à Paris un an plus tard où il continue de fréquenter l’atelier de Carle Vernet. Au Jardin des Plantes, il étudie les fauves, s’initiant tout en alors à la lithographie.
Notre composition présente cinq lions dont deux couchés dans des postures qui rappellent les compositions de son contemporain et ami, Eugène Delacroix.
Pour réaliser ce groupe de lions, Géricault s’est certainement inspiré du tableau de Rubens intitulé Daniel dans la fosse aux lions (1613-1615) conservé à la National Gallery of Art de Washington. Géricault aurait connu ce tableau par une gravure.
La vision animalière de l’artiste est complètement naturaliste car les lions sont croqués sur le vif tel un instantané.
Géricault a produit peu d’œuvres animalières, mis à part les chevaux, et rares sont celles parvenues jusqu’à nous. L’œuvre de l’artiste dans ce domaine étant essentiellement connue par des copies d’époque.
Dans le cas présent, notre peinture est caractéristique de la technique magistrale de Géricault qui peint en direct sur un panneau sans préparation en laissant apparaitre les veines du bois.
De plus, l’œuvre offre un témoignage exceptionnel des recherches expérimentales avec des pigments broyés mélangés à de la résine qui renforcent les jeux de transparence et de la lumière dans les fonds.
Notre tableau était à l’origine double face, avec au verso, une étude de peau de panthère(voir Grunchec n° 38a), étude préparatoire pour le revêtement de la selle du « chasseur de la garde », véritable « icône » de l’artiste conservé au musée du Louvre (voir Grunchec n° 40).
D’après Germain Bazin, les deux tableaux auraient été « séparés par l’un des anciens propriétaires ».
Par ailleurs, un dessin comparable à notre composition est conservé à l’école des Beaux Arts de Paris sous le numéro 34.944.
On retrouve aussi une tête de lionne par Géricault au musée du Louvre sous le n° MNR 137.
Bibliographie :
BAZIN Germain, Géricault les dernières années (tome VII), La Bibliothèque des Arts, Paris, 1996, reproduit sous le n° 2357.
EITNER Lorenz, L’inventaire posthume de Théodore Géricault, reproduit p. 326.
GRUNCHEC Philippe, L’opera completa di Gericault, Rizzoli Editore, Milano, 1978, reproduit p. 91.
BENEZIT E., Dictionnaire des peintres sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999, tome 6, pp. 40-41.
Catalogue de l’exposition « Géricault » aux Galeries nationales du Grand Palais du 10 octobre 1991 au 6 janvier 1992.
Catalogue de l’exposition « Géricault, la folie d’un monde » au Musée des Beaux-Arts de Lyon du 21 avril au 31 juillet 2006.