Louis DE FORBIN (Roque d’Antheron 1777 - Paris 1841)

« Paysage italianisant »

Huile sur panneau. Signé et daté 1800 en bas à gauche.

Auguste de Forbin est né en 1777 en Provence, au château de la Roque d’Anthéron. Il embrassa au début de son existence une double carrière artistique et militaire. Suivant les enseignements de Boissieu puis de David, il exposa au Salon à partir de 1796. Engagé dans l’armée sous le Directoire, il devint chambellan de la princesse Pauline Bonaparte, et fit les campagnes d’Espagne, du Portugal et d’Autriche, avant de se retirer en 1809. Il s’installa alors à Rome, où il séjournait déjà régulièrement depuis 1802 en compagnie de Granet. Il ne cessera désormais de peindre, et ses envois parviendront - irrégulièrement - au Salon jusqu’en 1840.

Forbin regagna la France au retour des Bourbons, et s’avéra un acteur de premier plan dans l’élaboration d’une politique patrimoniale. Directeur des Musées Royaux puis Inspecteur Général des Musées, il réorganisa le Louvre, le Musée Charles X, et fut à l’origine de la création d’un Musée consacré aux artistes vivants, au Palais du Luxembourg. Pour son compte ou en mission officielle, Forbin voyagea beaucoup, et ramena de ses séjours en Egypte, Palestine, Syrie ou Italie non seulement de nombreuses antiquités destinées au Louvre, mais aussi des carnets de voyages écrits dans une plume savoureuse et de nombreux dessins et peintures. Il écrivait lors de la publication de l’un de ses récits : « J’ai laissé à mes notes comme à mes croquis leur seul mérite, celui de la Vérité ». Il émailla ses carnets de contes ou de partitions de chansons populaires qu’il recueillit chemin. La parution en 1819 de son Voyage dans le Levant illustré par Carle et Horace Vernet, Fragonard ou Isabey, joua un rôle considérable dans le développement du goût français pour le pittoresque d’Orient.

Les œuvres d’Auguste de Forbin retinrent les suffrages du public. Elles étaient appréciées pour leur solide composition habilement relevée de détails pittoresques, et la qualité de la lumière qui les animaient. Ses paysages évoquent ceux de Pierre-Henri de Valenciennes, tandis que ses intérieurs de cloîtres sont proches de ceux que peignait Granet. C’est ce dernier, ou parfois Gérard, qui avaient coutume de réaliser les personnages qui peuplent les compositions de Forbin.

Quelques mots de Forbin dans son Voyage de Sicile semblent s’adapter parfaitement à la création de notre œuvre : là-bas, 1es artistes « trouveront à chaque pas les plus nobles leçons, une végétation puissante et variée, des ruines d’une couleur admirable, des lointains dont les nuances leur apprendront l’harmonie ; enfin, lorsqu’ils quitteront la Sicile, ils seront à la fois peintres et poètes ». Forbin rassemble en effet ici toutes les qualités du peintre et du poète. La construction est équilibrée, et la succession des plans rend harmonieux l’agencement monumental des ruines. Le ciel est animé de la lumière si particulière d’après la pluie - il pleut encore à l’horizon - qui dore la pierre et module les reflets de l’eau.

Forbin aimait représenter les ruines ; il écrivait au sujet de celles d’Ascalon : « J’aurais pu dessiner pendant un mois au milieu de ces ruines si touchantes et si pittoresques ». On peut confronter notre vue à ses « Ruines d’Ascalon en Syrie », huile sur toile aujourd’hui conservée au Musée du Louvre. Les vestiges italiens alimentèrent également ses sujets, comme ceux de Sélinonte, situés « au bord de la mer, à sept milles de Castel Vetrano ». Notre œuvre se situe probablement sur la côte italienne ou sicilienne. Forbin peignit sur le même site, aux caractéristiques alignements d’arcades semi¬-immergées, une petite aquarelle conservée à Paris dans la collection Aubrun.

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