Geer van VELDE (Lisse, Pays-Bas 1898 – Cachan, 1977)

Composition abstraite

20,5 x 20 cm

Gouache
Annoté à la gouache en haut à gauche 105

Provenance :
• Belgique, collection particulière.

Bibliographie :
• Geer Van Velde [exposition] du 6 mai au 5 juin 1966 / Musée Galliera, The Musée, Paris, 1966

Discrète figure de l’après-guerre, Geer van Velde est un artiste aux multiples facettes. Figuratif d’abord puis abstrait par la suite, son œuvre fut étudiée, tout comme celle de son frère Bram, au cours du XXIe siècle. Né à Lisse en 1898, ayant travaillé à La Haye de 1904 à 1924, il fut souvent rapproché des artistes du Siècle d’or hollandais. Geer fait son apprentissage chez un peintre-décorateur aux Pays-Bas avant de rejoindre Paris en 1925 où son frère est déjà installé. Curieux, l’artiste voyage régulièrement. Il expose à Londres puis rejoint le sud de la France à Cagnes-sur-Mer durant la Seconde Guerre Mondiale avant de s’installer à Cachan en région parisienne en 1946 où il installe un atelier prolifique.
Le parallèle établit entre son travail et la tradition des maîtres hollandais du XVIIe siècle se décèle dans quelques œuvres de jeunesse dont certaines représentations d’églises ont pu être comparées aux compositions de Peter Saenredam (1597-1665) ou Pieter de Hooch (1629-1684). L’ensemble de cette réflexion permet de comprendre l’évolution de la pensée de l’artiste et de tisser un lien étroit entre la représentation figurative et la pensée abstraite.

Ses premiers travaux, comme ceux de son frère Bram sont académiques : portraits, autoportraits permettent de percevoir sa facilité d’écriture. Geer s’adonne aussi un temps à la nature « morte » qui exprime son goût pour la représentation de la vie silencieuse héritée de ses ancêtres hollandais (ill. 1). Progressivement il dessine sur le motif et en apprécie l’effet d’instantanéité qu’il mêle à sa propre imagination. Il conjugue sa propre conception artistique aux différents mouvements artistiques qui l’entourent dont les influences russes, expressionnistes allemandes et fauves.
Ses œuvres abstraites sont le résultat de l’épuration des lignes de ses premiers sujets classiques repoussées à leur extrême. En juxtaposant les lignes verticales et horizontales colorées à l’inverse de son frère qui préfère les courbes, l’artiste donne naissance à une forme tout en laissant libre cours à l’imagination du spectateur. Il y introduit parfois des éléments proches du figuratif permettant de lire plus aisément l’ensemble, ou des marqueurs permettant de connaître l’axe dans lequel l’œuvre doit être lue comme ici le chiffre 105 inscrit à l’encre dans le coin supérieur gauche.

Ses œuvres font preuve d’une utilisation de vives couleurs et de gestes amples. Van Velde travaille vite, ses œuvres témoignent de sa vivacité d’esprit tentant de traduire sa pensée sur une surface plane. L’ensemble de l’œuvre se confond dans un jeu d’équilibre et de déséquilibre. Dans notre œuvre, la gouache permet de tracer des lignes en aplats de couleurs sur un fond clair. Les couleurs se touchent puis s’opposent et se distinguent nettement les unes des autres : confondues avec le plan du papier elles soulignent ainsi la planéité de l’œuvre.

Dans la recherche perpétuelle de la meilleure représentation de ses idées, les œuvres de Geer van Velde offrent au spectateur une forme de dépouillement de la figuration traduite en une déclinaison de couleurs chatoyantes. La figuration ne disparaît pas complètement de son travail, elle est épurée et poussée à son paroxysme. Certains spécialistes ont pu parler de l’œuvre de l’artiste comme issu d’un travail « rétinien » car il est un exercice pour l’œil du spectateur qui tente de comprendre, au-delà de l’image, un travail de réflexion mental.

M.O

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