Eugène GALIEN-LALOUE (Paris, 1854 – Chérence, 1941)

La Porte Saint-Denis en automne

24,6 x 33,3 cm

Circa 1920.
Aquarelle gouachée.
Signé en bas à gauche

Né à Montmartre, Eugène Galien-Laloue est l’aîné des neuf enfants du décorateur de théâtre Charles Laloue. Il n’a que seize ans lorsque la mort de son père l’oblige à quitter l’école et trouve un emploi dans une étude notariale. Le jeune homme n’y reste que peu de temps, car il s’engage dans l’armée en 1870 en trichant sur son âge. C’est à son retour de la guerre qu’il décide de faire du dessin son métier et suit peut-être même l’enseignement de Léon Germain Pelouse (1838-1891), peintre de l’école de Barbizon. Sa formation reste toutefois lacunaire et surtout pratique, ce qui explique l’originalité de sa manière. Il reste par ailleurs invariablement solitaire, n’adhérant à aucun groupe, bien qu’il ait fréquenté un temps le Bateau-Lavoir.

En 1874, il est illustrateur à la Société française des chemins de fer, chargé de dessiner le tracé des rails entre Paris et la province. Galien-Laloue peint également les paysages des villes qu’il parcourt, mais surtout les vues de la capitale qui devient rapidement son sujet de prédilection. En 1876, il expose Le Quai aux Fleurs par la neige au Musée de Reims et participe au Salon l’année suivante où il présente une huile, En Normandie, et deux gouaches : une autre vue normande et Bords de la Seine au soleil couchant. La gouache qu’il pratique assidument dans son travail aux Chemins de fer constitue en effet sa technique favorite qu’il ne cesse de perfectionner, s’affirmant aux fur et à mesure des Salons comme un virtuose maître graphique.

Les Grands Boulevards, l’un des lieux les plus emblématiques du Paris de la Belle Époque puis des Années Folles, avec ses magasins, ses voitures, ses bouches de métro, ses promeneurs bourgeois et ses livreurs, font partie des sujets récurrents de Galien-Laloue. Entre 1904 et 1914, il montre ainsi aux Salons une Vue du boulevard de la Bonne-Nouvelle, puis Le Boulevard, près la Porte Saint-Denis, Boulevard de Strasbourg, Porte Saint-Martin ou encore Place Clichy. Certaines de ces oeuvres sont faites d’après nature ou les photographies et respectent scrupuleusement la topographie des lieux. D’autres, comme notre dessin, reprennent les motifs chers à l’artiste – la masse aveugle de la porte Saint-Denis, les immeubles haussmanniens, les édicules Guimard, les kiosques à journaux avec leurs dômes en zinc, les lampadaires lyre en fonte, les étalages des boutiques – en les réorganisant de manière à recréer l’indéfinissable effervescence des boulevards.

La lumière et les effets atmosphériques demeuraient la préoccupation première de Galien-Laloue, d’où sa préférence pour les saisons froides et humides – hiver ou, comme ici, automne –, les ciels bouchés et les fins de journées lorsque les ampoules électriques des vitrines l’emportent sur la clarté du jour et se démultiplient dans les trottoirs mouillés.

Les dessins de Galien-Laloue ne sont jamais datés, mais reflètent très précisément les modes de chaque époque et ses progrès technologiques qui fascinent l’artiste. C’est ainsi qu’on peut situer notre oeuvre au tout début des années 1920.
A.Z.

Nous remercions Noé Willer, spécialiste de l’artiste, d’avoir confirmé l’authenticité de notre oeuvre.

Bibliographie générale (oeuvre inédite)
Noé WILLER, Eugène Galien-Laloue (1854-1941), catalogue raisonné. Le triomphe de Paris, Paris, New York, 1999.

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