Antoine BERJON (Lyon 1754 – 1843)

« Portrait d’homme de profil »

Pierre noire et rehauts de blanc sur papier préparé gris-bleu

C’est comme peintre de fleurs que le lyonnais Antoine Berjon se fit connaître. Il se forma au dessin dans sa ville natale, où il travailla également dans une fabrique de soieries. Berjon avait exposé au Salon pour la première fois en 1791 ; ses natures mortes encore un peu rigides passèrent alors inaperçues. Fixé à Paris dès 1794, il fut à plusieurs reprises remarqué par la critique, qui vit en lui une réponse française aux peintres de fleurs du Nord comme Van Huysum ou Van Daël. De retour à Lyon en 1810, Berjon fut nommé professeur de la classe de fleurs à l’Ecole des Beaux-Arts ; il la dirigea jusqu’en 1823. Attaché à l’Empire, il fut alors écarté par le peintre royaliste Revoil : il vécut une retraite discrète, et sa renommée semblait presque éteinte à sa mort en 1843.

Peu développée, l’activité de portraitiste de Berjon est moins connue. A Paris, il se lia d’amitié avec le miniaturiste Jean-Baptiste Augustin et bénéficia probablement de ses conseils. De retour à Lyon, l’artiste portraitura la société bourgeoise. Berjon écrivait que « C’est vainement qu’on poursuit la nature, toujours elle vous échappe. Il faut dessiner beaucoup, sans trêve. » Cette recherche se traduit dans le domaine végétal par une attention minutieuse portée au dessin et aux textures. Dans ses portraits, le peintre s’attache à l’observation des détails et de la psychologie, dans des tons nuancés. Le Portrait d’homme au bicorne (Vente Brady & Co, 16 février 2001) en est un bel exemple. Parmi ses travaux sur la figure humaine, Berjon nous a laissé un nombre important d’autoportraits ; le Musée des Beaux Arts de Lyon en conserve deux, ;celui de Saint-Etienne un autre.

Notre dessin, où l’on perçoit l’influence de David, s’inscrit ;dans la tradition académique des « têtes d’expression ». Dans un cadrage serré, l’homme est figuré de profil droit. Le port de la tête est souligné par la lavallière blanche enserrant le cou, et le large col d’un habit. Le modelé des chairs est doux, l’expression pensive. Le visage est contenu entre les mèches ondulées d’une chevelure libre, précisément dessinée, qui encadre l’oreille et retombe sur le front. Le regard et la physionomie du personnage ne sont pas sans évoquer les traits du peintre.

Provenance
• France, Collection particulière

Bibliographie
• « Le temps de la peinture. Lyon 1800 – 1914 », cat. d’exposition du Musée des Beaux-Arts, Lyon : Fage, 2007
• « Antoine Berjon », cat. d’exposition, Lyon : Musée des Beaux-Arts, 1983
• « Dessins du XVIe au XIXe », cat. d’exposition, Lyon : Musée des Arts Décoratifs, 1985

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