Jacques GAMELIN (Carcassonne 1738 – 1803)

« Scène de bataille »

Gouache et rehauts de blancs sur papier préparé gris bleu

Jacques GAMELIN
(Carcassonne 1738 – 1803)
« SCÈNE DE BATAILLE »
Gouache et rehauts de blanc sur papier préparé gris bleu.
Filigrané Whatmann
51 x 70,3 cm

Né à Carcassone en 1738, Jacques Gamelin fut placé comme commis-négociant à Toulouse chez le baron de Puymarin. Ce mécène et collectionneur repéra son goût pour le dessin, et le plaça en apprentissage dans l’atelier de Pierre Rivalz. En 1761, Gamelin se rendit à Paris et poursuivit ses études chez le peintre d’histoire Jean-Baptiste Deshayes. Ce méridional travailleur, au tempérament indépendant, s’intégra mal au milieu culturel parisien. Après deux échecs au Grand prix de l’Académie, il partit à Rome en 1765, toujours aux frais de son protecteur Puymarin. C’est de cette époque que datent ses premières représentations de batailles. Affinant son art à Rome, Gamelin fut reçu à l’Académie de Saint Luc comme « pittore di battaglie ». De retour en France en 1774, il continua sa carrière dans son pays natal, à la fois comme professeur, peintre et chercheur – la publication du recueil d’Ostéologie et de Myologie pour lequel il travailla dur fut un échec.

Ses scènes de batailles sont tirées de l’Ancien Testament ou de l’Antiquité classique – l’Histoire ancienne et L’Histoire Romaine de Rollin fut l’une de ses sources principales. Il mit en scène avec une imagination débordante l’Iliade, les conquêtes d’Alexandre le Grand ou de César. Témoin de la guerre du Roussillon, Gamelin représenta également nombre de scènes de cavalerie contemporaine.

Dans notre grand dessin, au centre de la bataille, un général se tient sur un cheval cabré. Sa main gauche rassemble les rênes, tandis que son bras droit brandit une longue épée – cette posture se retrouve à plusieurs reprises dans les œuvres de Gamelin. Dans la partie gauche, l’armée montée arrive à l’assaut ; à droite, le camp adverse semble en déroute. On y reconnaît des figures enturbannées pré-néoclassiques. Quelques corps gisent au premier plan, tandis que des femmes nues au pied d’un arbre assistent au combat. Un paysage et un campement sont esquissés en arrière-plan. Dans une composition équilibrée aux références classiques du XVIIe siècle, Gamelin met en scène avec rigueur de nombreux personnages. Le dessin précis sur un fond préparé est soutenu par des rehauts de blanc (voir pour comparaison la Crucifixion de Saint Pierre du Musée du Louvre) qui mettent notamment en valeur la figure principale. On peut y lire l’empreinte d’un Diderot qui voulait voir dans les batailles l’exemple de « héros impassibles au milieu du fracas ».

Les chevaux de notre Scène de bataille sont proches d’études de Gamelin conservées au Louvre (cahier relié composé de 18 feuillets foliotés). Les postures et physionomies des personnages peuvent être comparées à celles du Crésus sauvé par son fils muet du Musée de Carcassonne.

Bibliographie
• O. MICHEL, « Jacques Gamelin, 1738 – 1803 », Carcassone : 1990.
• « Gamelin, peintre de batailles », cat. d’exposition, Carcassone : Musée des Beaux-Arts, 2003
• « Jacques Gamelin, 1738-1803 », cat. d’exposition à la Galerie Joseph HAHN, Paris, du 16 mai au 30 juin 1979

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