William DEGOUVE DE NUNCQUES (Monthermé 1867 – Stavelot 1935)

« Paysage de Provence »

Pastel sur papier. Monogrammé et numéroté 02 en bas à droite

William Degouve de Nuncques a contribué à l’émergence du Symbolisme pictural en Belgique. À l’instar de Khnopff ou de Mellery, il s’est situé à l’avant‑garde de ce mouvement artistique.

Il suivit des cours de dessins à l’Académie d’Ixelles (Bruxelles) mais y renonça rapidement. Sa véritable formation, il la dût à Jan Toorop, un artiste néerlandais adepte d’un certain mystère. Également influencé par De Groux, peintre et sculpteur symboliste, William Degouve approcha ce mouvement de l’intérieur et fréquenta les milieux littéraires belges. Il épousa d’ailleurs Juliette Marsin, peintre de talent et belle‑soeur d’Emile Verhaeren, poète et dramaturge de « La Jeune Belgique ».

William Degouve exposa à plusieurs reprises à Paris, tout d’abord en 1890 au Champ‑de‑Mars avec le soutien de Rodin, puis au Salon de 1894, où il rencontra Maurice Denis. De retour à Bruxelles, il fut invité au dernier Salon des XX (1893) et adhéra à La Libre Esthétique dès sa création (1894). Pendant la Grande Guerre, il se réfugia avec sa femme en Hollande, où il dénonça, par ses oeuvres, les atrocités des combats. En 1919, le décès de son épouse le plongea dans un profond état de prostration. Seule Suzanne Poulet, sa deuxième compagne, lui redonna le goût de renouer avec son art.

Sa longue série de voyages, illustrée par notre pastel, débuta dès 1899 : il séjourna trois ans en Espagne et aux Baléares (1899), en Autriche (1904), en Provence et sur la Côte d’Azur (1911), enfin, en Allemagne, en 1914.

Ce verger de citronniers se détachant sur un arrière‑plan montagneux, n’est pas sans rappeler deux de ses huiles sur toile : « Les orangers de Sollers » et « Les Citronniers à Majorque » ; l’une sera inclue dans le catalogue raisonné du peintre en préparation, rédigé par Gisèle Ollinger Zinque, tandis que l’autre fut présentée à l’exposition « Les Origines de l’Art Nouveau : la maison Bing » au Van Gogh Museum en 2005.

Dans ce beau pastel énergiquement esquissé, la nature est confidente. Le dessin, élémentaire, ne complique pas la composition. Les couleurs comme le style évoquent aussi bien la qualité de lumière, que le mouvement. Fidèle à la vision de l’artiste, cette oeuvre est marquée par une touche plus impressionniste tout en incarnant un véritable appel à la contemplation. Une citation de Jacques Parisse, grand critique d’art liégeois, illustre parfaitement notre oeuvre :
« Degouve de Nuncques ne cherche-t-il pas davantage la valeur d’âme que la valeur plastique ? S’il est resté au Panthéon des grands peintres ce n’est pas par le métier, ce n’est pas par la transcendance du dessin mais par le non-dit, l’évoqué, la charge d’indicible envoûtement qui résiste à l’analyse tant il est vrai que chacun dans les oeuvres les plus importantes de Degouve y rencontrera, y ajoutera ce que, sans le savoir, il cherche peut‑être […] Le paysage reste pour Degouve moins un état des lieux qu’un état d’âme. Toujours le silence, la paix des pâtis, le rêve d’un peintre poète solitaire qui s’abstrait du monde bruyant des hommes, qui se complait dans la nature… » (Cf. Parisse, Jacques, William Degouve de Nuncques,
Stavelot : Musée de l’ancienne abbaye, 1981)

Bibliographie :
• J. PARISSE, « William Degouve de Nuncques », catalogue d’exposition au Musée de l’ancienne abbaye de Stavelot, avril‑juin 1979, Stavelot, 1979
• A. De RIDDER, « William Degouve de Nuncques », Elsevier pour le Ministère de l’instruction publique, Bruxelles, 1957
• L. HAESAERTS, « William Degouve de Nuncques », Cahiers de Belgique, Bruxelles, 1935
• « Les origines de l’art nouveau la maison Bing », catalogue d’exposition au Van Gogh Museum, nov. 2004 – fév. 2005, au Museum Villa Stuck à Munich, Fonds Mercator, 2004
• « Peintres de l’imaginaire Symbolistes et Surréalistes belges », catalogue d’exposition à la Galerie nationale du Grand Palais, février – avril 1972, Galeries nationales du Grand Palais, 1972

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