Pastel sur papier marouflé sur carton
Rosalba Carriera commença par dessiner des modèles pour sa mère
dentellière,puis, sur les conseils du peintre français Jean Stève établi
à Venise, elle peignit des décors de tabatières, exercice qui lui permit de
passer à l’art de la miniature proprement dite, pour lequel elle fit preuve
de beaucoup de talent. Mais c’est lorsqu’elle passa à l’art du portrait qu’elleconnut un réel succès. En 1705 elle fut admise à l’Académie de Saint Luc.
Elle peignit quelques toiles à l’huile, entre autre un portrait d’Auguste III
roi de Pologne et grand admirateur de l’artiste. Mais en ce début du XVIIIe la mode est au pastel, et c’est sur les conseils de l’artiste anglais Cole qu’elle s’y consacra définitivement.
Le succès de Rosalba Carriera dépassa rapidement les frontières italiennes. En 1720, elle se rendit à Paris sur l’invitation du banquier et mécène Pierre Crozat. Très bien accueillie par le milieu artistique parisien, elle fut reçue membre de l’Académie. L’empereur Charles VI fit également appel à ses talents de portraitiste en la conviant à Vienne.
Notre portrait de jeune fille est une variante plus libre d’un autre pastel de l’artiste, « Jeune fille de la famille Le Blond », réalisé vers 1725 et conservé à la Galerie dell’Accademia à Venise.
Le Blond était le Consul français à Venise. Il commanda à l’artiste son
portrait et ceux de son fils et de sa fille. Rosalba nota dans son journal la date du 13 mai 1725, jour où elle commença ce portrait. Le 22 juillet elle ajouta « Reçu de l’ambassadeur de France une tabatière avec dix sequins », probablement le paiement de son oeuvre.
La technique très rapide de notre pastel exprime bien la grâce fragile de
cette petite fille aux chairs nacrées. Rosalba Carriera saisit ici parfaitement la psychologie du modèle représenté dans toute la candeur de l’enfance. Délicate et raffinée dans son exécution, cette oeuvre s’attache aux détails de la robe, du noeud rose noué dans les cheveux et de la lavallière en dentelle autour du cou, ainsi que du « brussola », typique biscuit vénitien que l’enfant tient dans sa main.
Bibliographie :
• Bernardina Sani, « Rosalba Carriera 1673-1757 : Maestra del pastello nell’Europa ancien régime », Torino, Allemandi & C, 2007.
• « Les Galeries de l’Accademia de Venise », Electa, Milan, 1998 voir reproduction n°38 p. 175, 34 x 27 cm.