Luigi LOIR (Gorice 1845 - Paris 1916)

Berges de Seine animées de bateliers et personnages

32,9 x 46,5 cm

Huile sur carton
Signé et daté "LOIR LUIGI" en bas à droite.

Provenance :
• Collection Roger et Suzanne Jouve jusqu’en 2012 ;
• France, collection particulière.

Originaire de ce qu’était jusqu’en 1867 l’Empire d’Autriche, Luigi Loir naît d’une famille au service des belles-filles de Charles X (Marie Caroline de Bourbon et la duchesse d’Angoulême), exilées dans la ville de Gorritz, surnommée appelée la « Nice autrichienne », connue comme refuge des royalistes. Les parents du jeune Luigi, qui avaient suivi les Bourbons dans le Duché de Parme, gagnent la France en 1860. Luigi n’a que 15 ans lorsqu’il décide de rester à Parme, étudier à l’Académie des Beaux-Arts où ses professeurs ne tardent pas à déceler ses dons de dessinateur qui le classent naturellement parmi les meilleurs élèves de sa promotion. Trois années plus tard, il rejoint son père à Paris et se fait connaître par la réalisation de plafonds peints aux côtés de l’illustrateur Jean Pastelot (1820-1870) puis se taille une place de choix dans la société parisienne en travaillant comme illustrateur pour les plus grands auteurs de son temps dont Jules Verne pour dans son ouvrage Voyages Extraordinaires, parue en 1882.

Lorsque Loir expose au Salon de Paris dès 1865, il n’a que 20 ans. Mais 5 ans plus tard, durant la Campagne de 1870, il s’engage dans le 18e bataillon mobile de la Seine, une expérience qui le marque profondément. En regagnant la vie civile, Loir tente d’oublier cette douloureuse période et aspire au bonheur simple des rues animées de Paris. Outre les nombreuses commandes officielles qu’il honore, Loir aime aussi peindre les sujets de la vie quotidienne, les boulevards et ruelles animés, les terrasses de cafés en pleine effervescence le captivent. Les rues de Paris forment de merveilleux exemples de la part la plus importante de sa production, qui lui permettent de mêler les plus beaux témoignages architecturaux historiques parisiens à la vie passante.

Au-delà de cette vie parisienne bondée et fiévreuse, Loir s’exile de temps en temps loin de la foule en terrain plus calme, respirant l’air frais des bords de Seine. Notre œuvre est un exemple de ces heureuses évasions champêtres dans lesquelles le temps semble suspendu. Dans cette vue paisible de la vie heureuse de la campagne, des passants se promènent le long de la Seine. Fidèle à sa technique habituelle, l’artiste saisit un instant précis : les personnages sont figés, capturés le temps d’un instant apaisé. L’atmosphère tranquille et harmonieuse est traduite par les doux effets de pinceaux exaltant un ciel dégagé se mirant dans l’eau. Il n’y a ni fumées d’usines, ni enseignes envahissantes, ni machines assourdissantes, l’artiste utilise ici une palette légère et colorée évoquant une impression silencieuse de douceur et de calme d’une après-midi baignée par la lumière du printemps. Très apprécié de son temps, de nombreuses œuvres de Luigi Loir seront utilisées comme cartes postales, souvenir de cette époque florissante.

Témoin des bouleversements économiques et sociaux de l’ère de l’industrialisation, le nouveau visage de la France d’après-guerre engage un renouveau d’inspiration pour les artistes dont Luigi Loir, aux côtés de Toulouse Lautrec, Valadon, ou encore Maurice Denis. À travers ces quelques images du bonheur paisible dans lesquelles le temps semble suspendu, Luigi Loir illustre la prospérité́ économique que connaît la France à la Belle Époque.
Nommé chevalier de la légion d’honneur en 1898, Luigi Loir sera représenté par quelques grands marchands dont la famille Bernheim-Jeune qui suivra assidument son travail jusqu’à sa mort en 1916.

M.O

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