François BOUCHER (Paris 1703 – 1770)

« Dessus de porte avec un cartouche entouré de draperies, de guirlandes et de putti »

Huile sur toile en grisaille

Les peintures en camaïeu ou comme ici” en grisaille” si elles sont dans les tons gris sont généralement réservées à des motifs d’architecture en trompe – l’oeil. C’est du moins la définition qu’en donnent les dictionnaires de peinture de Lacombe ou Pernety dans les années 1750, qui expliquent que ”cette manière est employée pour représenter les bas-reliefs de marbre ou de pierre blanche”. Les motifs de putti entourant ici le cartouche situent ce dessus de porte vers 1745. Sa composition d’ensemble rappelle le Livre de cartouches publié par Huquier d’après des modèles tirés des Tombeaux des Princes. Les deux licornes associées aux putti évoquent également les modèles des tombeaux de Guillaume Cowper ou de Guillaume III mais dans une composition ordonnée et simple caractéristique de la maturité de l’artiste.

Boucher n’hésitait pas dans ce genre de commande, et même s’il ne représentait pas de motif d’architecture, à utiliser des tons gris ou bleus soutenus comme on le voit par exemple dans une Allégorie de la Foi, signée, exécutée un peu plus tôt dans de très étonnantes teintes bleues. Là encore, le personnage qui se trouve sous les pieds de cette allégorie rappelle certains motifs du Livre de cartouches d’Huquier, mais la matière riche de cette toile l’apparente plus à une esquisse qu’à un décor à insérer dans une boiserie.

Pour ses esquisses, François Boucher utilise beaucoup aussi les teintes monochromes du camaîeu ou de la grisaille, mais pour une raison différente ; l’esquisse est alors l’expression d’une première pensée que l’artiste met en forme pour ne pas la perdre. Roger de Piles en donne l’exacte définition, en écrivant que l’esquisse coloriée est faite pour le repos et le soulagement de la mémoire . Elle sera complétée par le peintre de dessins des motifs les plus complexes du futur tableau ; avant de passer à la réalisation définitive, avec des variantes constantes par rapport à l’idée initiale dans le cas de Boucher. Toujours très enlevée et d’une matière riche et fouettée avec des empatements et des éclairages qui rappellent ceux du dessin ; elle en traduit avec la même éfficacité les effets surtout si elle est monochrome : ”le camaïeu est comme un dessin lavé où l’on observa la dégradation des objets pour former les lointains & faire fuir les objets par l’affaiblissement des teintes. Les clairs et les ombres doivent y être observés. C’est pourquoi le dessinateur qu’est d’abord Boucher les a tant employées.

François Joulie

Provenance :
Collection particulière

Bibliographie :
F.JOULIE, ”François Boucher, fragment d’une vision du monde”, catalogue de l’exposition Holtegaard (Danmark), du 17 août au 4 novembre 2012,Somogy, 2013. Reproduit sous le n°81

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